Armée des alpes Juin 1940
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Code lieu: 443

La battaglia per Nizza

Il 10 giugno 1940 Mussolini dichiara guerra alla Francia.

Par Jean Pierre MARTIN et Marc ENDINGER

Code lieu: 443
Accès à pied
Parking gare du sud Payant

Juin 1940, Nice au cœur de la bataille !

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Préface du général Weygand. Avant-propos de M. Jean Médecin. Par MONTAGNE, Général A. Edité par Arceaux, Montpellier, 1952

LE COMTÉ DE NICE EN 1940

Données générales

Fraîchement rattaché à la France depuis quatre-vingt ans, le Comté de Nice se retrouve en première ligne face aux intentions annexionnistes de l’ancienne puissance tutélaire, en ce printemps de 1940. Avant de décrire les combats qui vont se dérouler sur son sol, peut-être est-il utile de brosser un panorama de ce département au déclenchement du second conflit mondial.

Il comptait alors 530.000 habitants, pour l’essentiel répartis sur la bande littorale. Nice en dénombrait 242.000, Cannes 50.000, Antibes 25.000, Menton 22.000, pour ne citer que les principales agglomérations. Le haut pays subissait de plein fouet l’exode rural et la saignée démographique de la Grande Guerre. La population rurale ne dépassait pas les 16% du total. Particularité de cette population, elle comptait la plus forte proportion d’étrangers de France, 22% contre 7%. Ce qui ne laissait pas d’inquiéter les pouvoirs publics, d’autant que 74% était d’origine italienne (83.000 individus). Or c’était précisément contre la puissance italienne qu’on élevait ces immenses barrages fortifiés à nos frontières.

Ces populations transalpines provenaient pour une part de l’immigration économique de la fin du XIXe siècle, piémontaise pour l’essentiel, et d’autre part de l’immigration politique des années 20, liée à la montée du fascisme (les fuorusciti, originaires le plus souvent d’Ombrie et de Toscane). Mais les craintes fondées sur ces minorités étrangères se révélèrent vaines, car excepté le réseau consulaire italien qui animait une poignée de chemises noires, sorte de milices fascistes, la majorité de la population immigrée prendra fait et cause pour la France, comme le démontrera la participation des transalpins à la Résistance.

Le département avait largement rattrapé son retard économique depuis son rattachement à la France. Au tourisme aristocratique de la Belle époque avait succédé une fréquentation plus populaire, notamment depuis l’apparition des congés payés. Il n’est pas étonnant que le secteur tertiaire draine plus de 50% des emplois. Mais l’industrie s’y était également considérablement développée avec le bâtiment (cimenterie Vicat à la Grave-de-Peille), la chimie, la métallurgie (Aciéries du Nord et la SNACASO à Cannes-la-Bocca), l’agroalimentaire (minoterie CAM, huilerie Audemard) … Le port de Nice affiche une relative santé, après la crise de 1929, avec 389.000 tonnes de marchandises et 90.000 passagers par an.

La vie culturelle est animée avec notamment l’industrie cinématographique aux studios de la Victorine, et la programmation du premier Festival de Cannes en septembre 1939, reporté pour cause de guerre.

À partir de 1938 et les tensions internationales, la menace italienne se précise. Dans le cadre du plan Ciano, un millier de transalpins sont rapatriés, tandis que de nombreux juifs étrangers résidant dans la péninsule sont expulsés vers la France. Mais cette menace avait été anticipée par l’État-major dans les années 30 avec une forte présence militaire et la création d'un puissant secteur fortifié .

systeme_fortifie_des_Alpes-Maritimes

Du col de Larche jusqu’à la mer, elle dessinait un vaste saillant de cent vingt kilomètres de développement, et laissait l’essentiel de la crête militaire aux mains des Italiens, passant à portée d’Isola, effleurant Saint-Martin-Vésubie et englobant toute la haute Roya, ce qui en rendait la défense particulièrement complexe.
Par ailleurs Nice était sous la menace directe des trois vallées qui convergeaient vers elle, Var, Tinée, Vésubie.
Si l’on examine maintenant plus en détail l’architecture de cette frontière, on constate qu’elle est tout sauf homogène.

Elle s’articule en deux segments très différents :

  • Du col de Larche au massif de l’Authion, elle s’appuie sur de hauts massifs, et les points de franchissement, quelques cols muletiers, ne s’abaissent pas en-dessous de 2.000 mètres. S’ils sont franchissables par des éléments d’infanterie formés à la haute montagne, ils sont impraticables à tout ce qui permet de faire vivre une bataille, et notamment l’artillerie et la logistique.
  • Des hauteurs de l’Authion à la mer, le terrain devient beaucoup plus favorable, et les axes de pénétration à gros débit ne manquent pas, route de Sospel, route de Laghet, routes littorales. Par ces voies partant de Tende et Vintimille, les troupes de Mussolini pouvaient masser des forces importantes, mécanisées, d’artillerie, de logistique.

On comprend bien dès lors que le schéma défensif sera dissemblable selon la nature du terrain qu’aurait à emprunter l’ennemi.

Pour éviter de renouveler les bains de sang de la Grande Guerre, et pour tenir compte des enseignements militaires de ce conflit, les responsables militaires ont choisi de dresser à nos frontières une muraille de béton et d’acier considérée comme infranchissable. Chez nous ce sera la Ligne Maginot alpine, dont les premiers travaux remontent à 1929. En une dizaine d’années, ce ne sont pas moins de 14 gros ouvrages, 20 petits ouvrages, 18 ouvrages d’avant-poste et 34 casemates d’infanterie qui sont construits. L’effort est mis sur la partie sud de la frontière, jugée plus perméable, face au saillant de Breil et aux routes du littoral. Si dans la partie nord, on ne compte que trois ouvrages mixtes (infanterie-artillerie), Rimplas, Flaut et Gordolon, le reste étant constitué d’avant-postes et de casemates isolées, au sud la densité d’ouvrages est très supérieure.

L’Authion, pièce maîtresse du dispositif défensif face à la trouée de Breil, est solidement occupé par les ouvrages de la redoute des Trois-Communes, l’ouvrage d’artillerie de Plan-Caval,l’avant-poste du col de Raus, les petits ouvrages de la Baisse de Saint-Véran, la Déa, la Béole et du col d’Agnon, avec le complément des forts Séré de Rivières de la Forca et Mille-Fourches. Pour défendre Sospel, un impressionnant dispositif est dressé, avec les ouvrages mixtes du col de Brouis, Monte-Grosso, Agaïsen, Saint-Roch, Barbonnet, complétés par des avant-postes d’infanterie (Croix de Cougoule , Castes-Ruines, Baisse de Scuvion).

Quant au sous-secteur Corniche, le plus vulnérable, il ne compte pas moins de cinq ouvrages mixtes, Castillon, Sainte-Agnès, Roquebrune-Cornillat, Cap-Martin et Mont-Agel.

La densité de troupes en 1939 dans le département est sans précédent : six bataillons de chasseurs alpins (9e et 20e à Antibes, 18e à Grasse, 22e à Nice, 24e à Villefranche, 25e à Menton), trois bataillons alpins de forteresse, (74e BAF à Lantosque, 75e BAF à Sospel, 76e BAF à Menton), un régiment d’artillerie de montagne (94e RAM à Nice), un régiment d’artillerie de position (157e RAP à Menton), ainsi que deux bataillons détachés des 3e RIA (Hyères) et 141e RIA (Marseille). Nice abritait également le PC de la 29e division d’infanterie alpine. Toutes ces formations relevaient du XVe corps stationné à Marseille.

Encadrée par des officiers de valeur, elle était particulièrement réactive et efficace.

La bataille des Alpes, vue du côté italien, fait apparaître que celle-ci leur a été imposée brutalement en raison de l’évolution imprévue de la situation politique causée par la victoire allemande.

L’artillerie de campagne des Alpes Maritimes

Outre l’artillerie de position, rivée aux ouvrages, notre secteur fortifié disposait d’une artillerie de campagne capable de prendre position hors du réseau bétonné, et de compléter ses feux, notamment en battant les inévitables angles morts.

L'artillerie était organisée autour de deux grandes unités, le secteur fortifié des Alpes-Maritimes, la 65e division d’infanterie.

  • SFAM : Le secteur alignait, outre les pièces d’ouvrages, un certain nombre de batteries de campagne. Le 157e régiment d’artillerie de position ( RAP ) à quatre groupes positionnés à la tête de la Lavina, au mont Agel, à Braus et à la Turbie. S’y adjoignait le Ier groupe du 96e régiment d’artillerie de montagne, détaché de la 65e DI, ainsi que le 158e RAP à trois groupes, installés à l’Authion et au Braus. S’y rajoute le 113e RALH avec un groupe à Fontbonne et trois groupes entre le Braus et Segra, le 149e RALH avec trois groupes autour de la Tête de Chien et un groupe à L’Authion, à La Commenda se trouvait le 202e RALC  ( Sospel ), deux pièces du II/374e RALVF à Eze et une pièce de 340 du 372e RALVF ( qui n’a pas tiré ).
  • 65e DI : Cette grande unité comptait le 167e RAP à quatre groupes respectivement à Villeneuve-d’Entraunes, Beuil, Marie et Lantosque.
    On y trouvait également un groupe détaché du 158e RAP, ainsi que le 96e RAM à deux groupes, aux Granges de la Brasque et Péone.
    Enfin deux groupes d’artillerie lourde du 296e RA.
    S’y rajoute le 113e RALH avec un groupe à Fontbonne et trois groupes entre le Braus et Segra,
    le 149e RALH avec trois groupes autour de la Tête de Chien et un groupe à L’Authion,
    à La Commenda se trouvait le 202e RALC  (Sospel), trois pièces du II/374e RALVF à Eze et une pièce de 340 du 372e RALVF (qui n’a pas tiré)

Les matériels servis étaient le plus souvent très disparates, ce qui n’était pas sans conséquence au plan logistique. Ainsi le 158e RAP ne compte, hors artillerie des ouvrages, de nombreux modèles différents, du 65mm Mle 1906 de montagne, du 75mm Mle 1897, du 105 Mle 1913, du 155 long Mle 1877, du 155 long Mle 1916, du 155 court Saint-Chamond, du 150T au 220 long Mle 1917. Au total une cinquantaine de bouches à feu. Cette absence d’homogénéité, si elle pouvait procurer une certaine souplesse dans l’utilisation, posait de gros problèmes de ravitaillement.

Le 157e RAP alignait quant à lui 55 pièces d’artillerie de calibres également très divers. Ce régiment s’illustrera au feu. Ainsi Le 24, une salve de 11 obus de la 1ére batterie (145/155L) détruira un convoi en gare de Vintimille, alors qu’un déluge de feu s'abat sur la partie occupée de Menton pour tenter d'en déloger l'ennemi juste avant la signature du cessez le feu. Pour son action il sera cité à l’ordre de l’Armée.

Sincères remerciements à la municipalité de Nice et à l'amicale nationale du 22e BCA pour leur soutien!

Opérations préliminaires (14-19 juin)

Quelques accrochages ont lieu dès le 14 juin. Dans le secteur du Barbonnet, une attaque est lancée contre nos postes d’observation, tenus par les SES du 49e BCA et du 76e BAF. Le 42eFanteria (infanterie) et un bataillon de chemises noires débouchent des cols du Treitore et du pas de Strafourche, appuyés par des tirs de  mortiers. Mais l’artillerie de Sainte-Agnès et du Barbonnet foudroie les assaillants. Dans le haut pays, les tentatives d’infiltration sont repoussées par nos éléments avancés. Des accrochages ont lieu autour du lac de Vens le 16 juin, tandis que le lendemain trente-quatre soldats du 37eFanteria sont capturés par la SES du 24e BCA aux Granges d’Arrès. Le 19, quatre Alpini du bataillon Val Elloro sont mis hors de combat au Baus de la Frema. C’est dans cette période que se situe, le 13 juin, l’un des rares épisodes de combat aérien de cette courte campagne. Un raid de l’aviation italienne sur Toulon est intercepté au retour par notre chasse, et un Dewoitine 520 décollé de la base de Saint-Cassien abat un bombardier adverse. Les 15 et 16 juin, le 41eFanteria renforcé de chemises noires accroche la SES du 9e BCA au Pas de Cuore. Celle-ci repousse les envahisseurs et tiendra sa position jusqu’au cessez-le-feu. Le 17 juin, le discours du maréchal Pétain disant « qu’il faut cesser le combat » retentit sur les ondes. Le général Montagne, chef du XVcorps, déclare à ses subordonnés : « Mes amis, ce message si douloureux ne change rien. Notre mission continue. Allez-y de tout cœur et plus fort encore, au cas où, dans quelques jours, il nous serait imposé de ne plus combattre. » Les Italiens tentent de profiter de la confusion pour avancer leurs lignes. La SES du 49e BCA se voit interpellée par un officier transalpin suivi d’une cinquantaine de soldats pour prétendre que le cessez-le-feu entre en vigueur et qu’elle doit quitter ses positions. Le lieutenant Charignan leur oppose une vigoureuse fin de non-recevoir. La scène se répète dans la soirée devant la SES du 76e BAF. Les journées des 18 et 19 juin se déroulent dans un calme relatif, les Italiens mettant en préparation une offensive de grand style. Nos forteresses de l’Agaisen, du fort Saint-Roch, du Barbonnet, de Sainte-Agnès ou du Mont-Agel s’entendent à merveille pour anéantir les velléités italiennes, par leurs tirs précis et dévastateurs.

L’assaut (20-24 juin)

Le 18 juin, le Führer et le Duce se rencontrent à Munich, le premier indiquant au second que les troupes italiennes ne pourraient occuper que les seuls territoires conquis par leurs armes. Mussolini sait que le temps lui est compté, et ordonne à son état-major de sortir de sa prudente expectative. À partir du 20 juin, les soldats mussoliniens vont jeter toutes leurs forces dans la bataille. Deux fronts d’importance inégale se développent, celui du nord du département, le domaine de la haute montagne, et le front essentiel, celui qui court de Sospel à Menton.

La bataille pour les vallées

Si nos SES parviennent à contenir difficilement la poussée des Alpini en haute Tinée, elles doivent se replier pour éviter d’être submergée en Vésubie, celle du 98e BCA vers le camp Kellermann, celle du 94e BAF sur le pont Maïssa, la II/112e RIA sur Sainte-Marthe, les Italiens pouvant ainsi déboucher du Boréon. En basse Roya, le 104e BCA interdit l’entrée dans Breil, clé d’entrée du Comté. Le 22 juin, les Alpini sont aux portes de Saint-Martin-Vésubie et Belvédère, tandis que l’avant-garde de la division Ravenna entre dans Fontan, et que la division Modena menace toujours Breil. Le 23 juin, le col des Fourches est bombardé par l’artillerie lourde stationnée en Stura, puis attaqué par le bataillon Bolzano, qui se retire avec des pertes sévères, laissant un officier et seize hommes aux mains des Français. La SES du 23e BCA est contrainte de se replier sur la rive droite de la Tinée, laissant Isola sous la menace directe de la division Livorno. Le 24 juin, dernier jour des combats, les SES soutenues par l’artillerie tirant du plateau de Beuil résistent victorieusement, tandis que dans la Gordolasque les bataillons Val Arroscia et Val Venostane peuvent déborder le point d’appui des Adrès. Vers Sospel, le 38e RI italien ne parvient pas à s’emparer du col de Raus, et se voit bloqué sur le plateau de La Ceva par notre artillerie.

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