Armée des alpes Juin 1940

Général de division Georges CARTIER

Le général Georges Cartier est né à Genève, en Suisse, le 5 février 1877 d’un père négociant en Haute-Savoie. Il s’engage comme deuxième classe au 22e bataillon de chasseurs à pied (BCP), le 13 mars 1896, devient sous-officier puis intègre l’Ecole Militaire d’Infanterie de Saint-Maixent le 1er avril 1900.

Très doué pour le métier des armes, classé dans les premiers (6e sur 325), il est alors affecté au 12eBCP, puis en 1907 au 48e régiment d’infanterie. Breveté d’état-major en 1909, il est affecté à l’état-major du 5e corps d’armée, puis rejoint le 28e BCP à Embrun en octobre 1911. Début 1914, il se trouve à l’état-major de l’armée, puis à celui du ministre de la Guerre et fin août 1914, est affecté à l’état-major de la 6e armée. Le 4 avril 1916, il est envoyé en mission spéciale en Roumanie, où il est cité à l’ordre du corps d’armée. Rentre en France en juillet 1917, il est affecté au 159e régiment d’infanterie alpine comme adjoint du chef de corps. Lors des combats de ce régiment, le chef de bataillon Cartier est cité à l’ordre de la 3e armée le 8 mai 1918. Dernière affectation durant la Grande Guerre, il rejoint les armées alliées en Orient comme chef du 2e bureau (renseignement) ; il est encore cité à l’ordre de l’armée le 17 février 1919. En 1920, dans son rapport spécial pour appuyer la demande de promotion du commandant Cartier, legénéral Charpy fait l’éloge de son subordonné en ces termes : « J’ai pu apprécier le commandant Cartier, que je considère comme un officier de tout premier ordre, remarquablement doué sous le rapport du caractère de l’intelligence et des qualités militaires. Âme de soldat dans la plus belle acception du mot, cœur chaud, ayant des sentiments élevés et une volonté et une énergie peu communes […]. A pris une large part à la préparation et à l’exécution des offensives, ainsi qu’à l’élaboration des traités d’armistice signés avec la Bulgarie et la Hongrie. »

Après une mutation au 18e régiment d’infanterie (RI) à Pau, le lieutenant-colonel Cartier rejoint l’état-major particulier du ministre de la Guerre ; promu colonel, il revient à Pau pour prendre le commandement du 18e RI. Après avoir brillamment commandé ce régiment, il est détaché au Centre des Hautes Etudes Militaires en 1930. Ensuite, il commande, à Angoulême, l’infanterie de 23e division ; le général Etienne, commandant cette division, affirme que « le colonel Cartier est un ardent et un fanatique qui connait à fond son métier de fantassin. »

Il prend le commandement de 53e brigade d’infanterie alpine en septembre 1932 et est promu général en mars 1933. Le général Dosse considère que le général Cartier est : Sévère pour tous, il l’est aussi pour lui-même. C’est l’homme du devoir dans toute l’acceptation du terme. » Le général Labordière qui commande le secteur fortifié de Savoie confirme le caractère et la compétence du général Cartier. En 1936, il reçoit le commandement de la 27e division d’infanterie alpine du secteur fortifié du Dauphiné. Il commande 20 000 hommes. Général de division en janvier1937, il va terminer sa carrière militaire à la tête de la 27 après 43 ans au service de l’institution. Il est atteint par la limite d’âge en février 1939. Le 2 septembre 1939, à la mobilisation, il prend le commandement de la 64e DI – division de réserve – qu’il est chargé de mettre sur pied. Il doit quitter son commandement par la nouvelle limite d’âge décrétée par le général Gamelin pour les commandants de division. Cependant, restant en activité, il organise la zone arrière de la 6e armée en Bourgogne.

Le général Olry, commandant l’armée des Alpes, fait appel aux qualités du général Cartier pour organiser la défense de son armée face à la menace allemande sur les arrières. Commandant le groupement de Savoie-Dauphiné, il se démène, improvise, réquisitionne, organise plusieurs lignes de défense. 25 000 hommes engagés en urgence vont arrêter la ruée allemande et même infliger des pertes sensibles à l’adversaire. Ces circonstances exceptionnelles ont révélé les capacités de chef en temps de guerre du général Cartier. Cette résistance est son plus beau fait d’armes.

Placé dans le cadre de réserve sans emploi, il est nommé par le régime de Vichy à la tête de la municipalité d’Annecy. Désapprouvant la politique du maréchal Pétain allant vers une plus grande collaboration avec les Allemands, s’opposant avec le préfet de la Haute-Savoie, il est révoqué de son poste de maire d’Annecy. Il créé un mouvement de résistance en liaison avec le général d’armée Giraud à Alger. Il part en Suisse pour éviter l’arrestation, mais son épouse et un de ses fils sont arrêtés et déportés. Seule son épouse rentrera en France en 1945.

Il décède le 2 juin 1960 à l’âge de 83 ans.