Armée des alpes Juin 1940

Le général d'armée Olry

A la tête de l'Armée des Alpes, ce polytechnicien, artilleur de caractère, va stopper les offensives italiennes et allemandes

René Olry entre à Polytechnique à 20 ans, puis choisit l’armée de
terre à sa sortie de l’école en 1902.
Après une année de spécialité à l’école d’application de l’artillerie et
du génie, il est affecté, en 1904, au 21e régiment d’artillerie à Angoulême,
puis commande la 9e batterie du 25e régiment d’artillerie de Châlonssur-
Marne en 1912. Il affronte la Grande Guerre au sein de son
régiment, puis à l’état-major de l’artillerie du 6e corps d’armée. Cité à
l’ordre de l’armée en février 1915, puis à l’ordre de la division en mai 1915
pour sa bravoure et son efficacité.
En octobre 1917, il est récupéré par le général Fayolle qui commande
les forces françaises engagées aux côtés des Italiens après le désastre
de Caporetto (défaite des forces italiennes face aux armées austro-allemandes, à l’automne 1917).
Rentré en France, le capitaine Olry prend le commandement du 3e groupe du 283e régiment d’artillerie lourde, équipé de mortiers de 220 mm. Blessé par un éclat d’obus en avril 1918 ; cité à l’ordre du corps d’armée, puis à l’ordre de la brigade en juillet. Promu chef d’escadron en septembre 1918, il est affecté à l’état-major d’un groupement d’artillerie et reçoit sa cinquième citation le 30 novembre 1918 : « Officier supérieur aussi brillant dans la troupe que dans l’état-major. Après avoir fait preuve
des plus belles qualités militaires à la tête d’une batterie en 1914, s’est de
nouveau distingué par sa crânerie et son sang-froid en 1918, notamment à la tête d’un groupe de 220. Repris par le service en état-major, y a fait preuve d’une rare compétence et d’un absolu dévouement. »
Le 1er novembre 1919, il réussit le concours de l’école de guerre ; entré
au sein de la 40e promotion, il y côtoie les futurs généraux Montagne et
Vichier Guerre qui seront sous son commandement au sein de l’armée
des Alpes. Officier de la légion d’honneur en 1920.
En février 1925, il est muté en Grèce, pour créer et diriger l’école de guerre hellénique. Promu lieutenant-colonel, il est passionné par cette mission. En juin 1928, devenu colonel, il prend le commandement du 309e régiment d’artillerie à Strasbourg ; il est jugé comme étant un officier d’une valeur exceptionnelle. Passant une année au centre des hautes études militaires (CHEM), en 1931, il traitera de l’organisation de la couverture des Alpes. À l’issue de ce cursus, il rejoint le conseil supérieur de la guerre, comme chef d’état-major, et est promu
général en 1932.
En 1934, il prend le commandement de la 29e division d’infanterie et du
secteur fortifié des Alpes-Maritimes ; nommé général de division en
septembre 1935, il donne à ses troupes une impulsion très féconde dans tous les domaines. Commandeur de la Légion d’honneur en décembre 1936. En septembre 1937, on lui confie la 15e région militaire à Marseille ; à la mobilisation de 1939, il prend la tête du 15e corps d’armée, puis, en octobre, le commandement de l’armée des Alpes. Il devient général d’armée le 10 février 1940. Grand officier de la Légion d’honneur le 12 juin 1941.
Décédé le 3 janvier 1944, en pleine occupation allemande, le général
d’armée René Olry n’a pas pu avoir les honneurs militaires qui auraient dû être rendus à ce grand chef.
Biographie du général Olry, extraite de Victoire sur les Alpes,
juin 1940 – Briançonnais, Queyras, Ubaye, de Max Schiavon,
Mens Sana éditions, 2011.

Le général René Olry est né en juin 1880. Après Polytechnique il choisit l’artillerie, sert dans divers régiments et états-majors avant 1914 et pendant la Première Guerre mondiale. A noter qu’en 1916, il est envoyé en mission en Italie pour former les artilleurs de ce pays allié.

Excellemment noté, il est affecté après le conflit à l’inspection générale des armées, puis intègre l’École supérieure de guerre avant de rejoindre le Conseil supérieur de la Défense nationale. En novembre 1923, le général Serrigny le décrit comme « la plus belle intelligence que j’ai jamais rencontrée avec la plus grande pondération d’esprit. A amener au sommet de la hiérarchie».

Olry part ensuite à Athènes pour créer, puis diriger l’École de guerre hellénique. En septembre 1928, il prend le commandement du 309e régiment d’artillerie à Strasbourg. Son commandant de division mentionne que c’est un « officier d’une valeur exceptionnelle à tous égards. Personnalité très accusée. Haute valeur morale et professionnelle. A pousser rapidement dans l’intérêt de l’armée ».

En janvier 1931 le colonel Olry est désigné pour suivre les cours du Centre des hautes études militaires (CHEM) où il est chargé de travaux concernant la défense des Alpes. Fin 1931, il est affecté à l’état-major du Conseil supérieur de la guerre (CSG) et devient chef d’état-major du général Mittelhauser, commandant désigné de l’Armée des Alpes. Il est promu général en avril 1932, à 51 ans seulement. Le général Mittelhauser, après 3 ans de labeur en commun, écrit en 1934 :

« Le général Olry est mon chef d’État-major depuis octobre 1931 ; il a été pour moi un collaborateur d’une valeur inappréciable dépassant tout ce que j’en attendais, par la pénétration de son intelligence et la clarté qu’il projette sur toutes les questions».

 

Le général Olry prend ensuite le commandement, à Nice, de la prestigieuse 29edivision d’infanterie alpine et du Secteur fortifié des Alpes-Maritimes. Général de division en septembre 1935, son commandant de corps d’armée le note comme suit :

« S’est affirmé comme un commandant de division de premier plan, à l’activité réfléchie, voyant large, ayant le sens de l’action et le goût des responsabilités ; personnalité accusée marquant parfois une certaine tendance à l’indépendance».

Le 26 septembre 1937, il reste dans le Sud-Est, dont il est devenu le meilleur spécialiste militaire en France, et e voit placé à la tête la 15e région militaire à Marseille. En septembre 1939, il prend comme prévu le commandement du 15e CA, puis le 22 octobre de la 6e armée, et 6 semaines plus tard de l’armée des Alpes.

Ordre du jour du général d’armée Olry, 26 juin 1940

Au moment où cessent les hostilités, je remercie les troupes de l’armée
des Alpes de l’effort qu’elles viennent de fournir. Réduites, face à la
frontière italienne, aux troupes de forteresse et à trois divisions, elles
ont contenu les deux armées qui leur étaient opposées, à l’effectif d’une
trentaine de divisions ; aux troupes d’avant-postes qui n’avaient qu’une
mission de surveillance, se sont confié à elles‑mêmes des missions de
résistance, de contre-attaque même.
Dans certaines actions, elles ont fait des prisonniers en nombre supérieur à leur propre effectif.
Nos ouvrages d’avant-postes ont tenu vaillamment, même encerclés.
Notre position fortifiée, qui n’a été atteinte que sur une partie infime
du front, n’a nulle part été violée. On a vu des équipages d’ouvrages qui,
l’ennemi arrivé à leur contact et les troupes d’intervalle faisant défaut,
sortaient de leur béton pour attaquer.
Chacun a ainsi donné bien plus même que ce que sa mission stricte lui
commandait.
À l’attaque allemande contre les arrières de l’armée, je ne pouvais
opposer que des réserves infimes. La défense a été improvisée et assurée par des régiments régionaux, des éléments de toutes armes levés en toute hâte dans les dépôts, des unités de l’armée de terre, de la marine et de l’air, que leur belle camaraderie de combat lançait à notre secours.
Vieilles classes jusqu’à des jeunes recrues de quelques mois s’y
coudoyaient. Tous ont tenu le coup contre des forces bien supérieures,
élites d’une armée puissante, dont la poussée a été limitée pied à pied dès que leur contact a été pris.
Ceux qui ont fait cela ont le droit d’être fiers.
Moi-même, je le suis de tous ceux qui ont combattu face à l’est, face à l’ouest, face au nord.
Maintenant, en ces heures cruelles, quel est notre devoir de défenseur des Alpes, de Français ?
Le devoir de tout de suite : rester unis entre soldats solides, être prêts à
montrer à tous, Français et Étrangers, la belle allure, la tenue impeccable, le moral haut de la troupe d’élite qu’est
l’armée des Alpes.
Le devoir de demain : rester unis entre Français, pour panser nos blessures, reconstruire, matériellement et moralement, notre chère France.
Elle n’est pas morte, elle ne peut mourir. J’ai une foi indéfectible en son
avenir.
Vous l’avez défendue. Merci.
Croyez en elle. Courage et confiance. Travail et union.
Vous la reverrez, belle et forte.