Armée des alpes Juin 1940

15 juin 2023: Inauguration au col du Petit saint-Bernard

Inauguration / 17 juin 2023

Deux panneaux du chemin de mémoire Tarentaise ont été inaugurés au col du Petit-Saint-Bernard par le GDI (2S) Michel Klein, président de la Fédération des Soldats de Montagne lors de la Saint-Bernard 2023; Prise de paroles du GDI (2S) Michel Klein. « C’était, il y a quatre-vingt-trois ans, le 10 juin 1940. Mussolini déclare la guerre à la France ; cette annonce est loin de faire l’unanimité au sein de la population italienne, en particulier au fond des vallées alpines. L’ambassadeur de France à Rome recevant cette déclaration du comte Ciano lui répond : « C’est un coup de poignard dans le dos à un homme déjà à terre ». En effet, la France se trouve dans un véritable chaos et l’armée française connait la plus importante défaite de son histoire face aux divisions blindées nazies. En profitant de cette situation, le Duce pense pouvoir occuper facilement les départements frontaliers en se saisissant dans un premier temps des grands cols stratégiques comme celui de Larche, de Montgenèvre, du Mont Cenis et du Petit-Saint-Bernard. Mais dans ces heures sombres, l’armée des Alpes réduite à 90 000 combattants va montrer une résistance acharnée tant face aux armées italiennes cinq à huit fois supérieures en nombre que face aux quatre divisions allemandes cherchant à atteindre Annecy, Chambéry et Grenoble. Dans tout l’arc alpin, le département de la Savoie a été le seul à être confronté à ces deux adversaires d’une part sur le Rhône et d’autre part dans les vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. La défense de la Tarentaise et du Beaufortain, placée sous le commandement du lieutenant-colonel de Vergezac, repose sur une ligne d’avant-postes tenue par 7 sections d’éclaireurs-skieurs et sur la position de Résistance où sont installés en défense ferme cinq bataillons d’infanterie ; toutes ces unités sont appuyées par 44 pièces d’artillerie. Face à la Tarentaise et au Beaufortain, se tient le corps d’armée alpin italien du général Négri composé des deux divisions alpines Taurinense et Tridentina renforcée d’élément de la division motorisée de Trieste. Les 14 et 15 juin 1940, les unités italiennes lancent des reconnaissances ; quelques accrochages ont lieu. Du côté français, les éclaireurs effectuent des patrouilles et réussissent même d’audacieux coups de main : le lieutenant Tom Morel est blessé au bras lors d’une de ces actions. Le 21 juin, la grande attaque italienne se déclenche sur les trois directions : Bourg-Saint-Maurice par le col du Petit-Saint-Bernard, Sainte-Foy par le col du Mont et les Chapieux par le col de la Seigne. Sur le col où nous trouvons actuellement, le fort de la Redoute Ruinée commandé par le lieutenant Desserteaux tient et prend sous ses feux toutes les unités italiennes présentes au col. Le 22 juin les Italiens renouvellent leur attaque avec l’appui de chars. Cette attaque est rejetée par les feux de l’artillerie réglés à partir du fort. Le 23 juin, à la faveur du brouillard, les Italiens s’infiltrent jusqu’au point d’appui des Eucherts qui résistera et ne se repliera que sur ordre ; les Alpini sont arrêtés au Nord-Est de Seez au niveau du lieu-dit Villard dessous. Sur l’axe col du Mont-Sainte Foy, une section d’éclaireurs-skieurs subit l’attaque de deux bataillons d’Alpini ; les éclaireurs retardent la progression des Alpini, luttent au corps à corps pour éviter l’encerclement, ralentissent encore l’ennemi au lieu-dit Le Miroir avant de se replier sur Saint Foy. Les Alpini occupent la rive droite de l’Isère le 24 juin soir. En Beaufortain, les sections d’éclaireurs-skieurs du lieutenant Bulle du 80 e bataillon alpin de forteresse et du lieutenant Guidot du 7 e bataillon de chasseurs alpins renseignent au col de la Seigne et engagent les premières patrouilles d’alpini. Le 21 juin face à la progression de deux bataillons d’alpini, le commandement ordonne le repli respectif de ces sections aux cols de l’Enclave et du Bonhomme. A partir du col de la Seigne, les Alpini progressent dans la vallée des Glaciers, s’emparent du point d’appui de Bellegarde tenu par une section du 80 e BAF ; le sous-lieutenant de Castex, dernier défenseur est blessé par deux fois et se défend avec son pistolet jusqu’au moment où, criblé de balles, il s’écroule. Renseignée par la section du lieutenant Bulle, l’artillerie française tire sur les Alpini présents dans le cirque des Glaciers ? Les pertes italiennes sont importantes. Une compagnie d’un bataillon d’alpini se trouve à l’abri des coups des éclaireurs du lieutenant Bulle ; celui-ci d’empare d’un fusil-mitrailleur et d’une corde. Le lieutenant Bulle descend en rappel et, installé sur une petite corniche et tenu par la corde, ouvre le feu sur les alpini qui pensaient être à l’abri des vues et des coups. Ainsi, en Tarentaise, les unités italiennes ont progressé jusqu’aux abords de la position de résistance ; le fort de la Redoute Ruinée, encerclé, résiste jusqu’à l’armistice du 25 juin matin. La garnison du fort ne sort que le 3 juillet ; un détachement italien leur rend les honneurs. Les Italiens n’ont pas réussi à s’emparer de l’ouvrage de Séloges et du col de l’Enclave. La position de résistance n’a pas été percée. Cette résistance opiniâtre a été constatée dans tous les secteurs de l’arc alpin.   L’honneur de la France a été sauvé par tous combattants de l’armée des Alpes, et aussi par le général d’armée René Olry qui a joué un rôle majeur tant dans la préparation minutieuse de cette armée que dans la conduite lucide et tenace lors de la bataille. « Le général Olry a donné aux heures sombres de l’Armistice un dernier rayon de gloire à nos drapeaux ». Voulant transmettre la mémoire de ses anciens, la Fédération des Soldats de Montagne a initié, début 2020, un important projet de mémoire dédié à l’armée des Alpes, dénommée l’armée invaincue de 1940. Ce projet de mémoire se présente sous forme d’un triptyque composé de 18 chemins de mémoire avec 150 panneaux installés de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes sur les traces de ces soldats glorieux, d’un site Internet en lien avec les panneaux via des QR-codes et enfin d’un guide Michelin ciblé sur les sites concernés par ces combats. Lors de la cérémonie du 80 e anniversaire de ces combats, Madame Darrieussecq, ministre déléguée à la mémoire et aux anciens combattants, déclarait : « la bataille des Alpes est un épisode méconnu de notre histoire. L’esprit de résistance et d’abnégation qui a habité nos soldats doit être davantage mis en valeur et davantage présent dans notre mémoire nationale. » Ainsi, le ministère des armées a encouragé ce projet et l’a aidé à son financement. Le comité de massif des Alpes, les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, et presque tous les conseils départementaux de l’arc alpin ont contribué financièrement à la réalisation de ce triptyque. Le conseil départemental de la Savoie doit être particulièrement remercié pour avoir apporté la contribution la plus importante des départements ; plus de 50 panneaux seront installés en Savoie. Je voudrai aussi remercier les artisans de la réalisation du chemin de mémoire de Tarentaise : le général de division (2S) Patrick Moussu, le colonel (H) Dominique Besse et le lieutenant-colonel (H) Benoît Deleuze. Ce triptyque mémoriel peut devenir une exhortation à honorer ces anciens qui n’ont pas connu la gloire, peut devenir une incitation au monde de l’éducation nationale à aller sur les traces de ces héros, peut permettre de développer un tourisme de mémoire à l’instar de ce qui existe dans le Nord et l’Est de notre patrie. »