Armée des alpes Juin 1940

2 septembre 2022: Inauguration du chemin de mémoire de la Drôme

Inauguration / 3 septembre 2022

Le 2 septembre 2022, la préfète de la Drôme s’est rendue au Mémorial de Mirmande en présence des élus, du président de la Fédération des FFI, et du Colonel Mc Cord, attaché de l’Air de l’ambassade de Grande Bretagne. C'est devant ce monument qui représente la Drôme debout, qu’ils ont perpétué la mémoire et la reconnaissance aux combattants tués au combat et aux soldats alliés ayant donné leur vie lors de la libération du département. A l'issue, ils ont inauguré le premier panneau du chemin de mémoire "Armée des Alpes, armée invaincue, juin 1940", qui est une des composantes du tryptique composé de chemins de mémoire matérialisés par des panneaux mémoriels, d’un site Internet dédié « www.labatailledesalpes.fr », auquel il est possible de se connecter par l’intermédiaire des QR-codes insérés sur chaque panneau, et d’un GUIDE VERT Michelin, « Sur les traces de l’armée des Alpes »; Objectif sortir de l’ombre cet épisode méconnu de notre histoire et de développer un tourisme de mémoire, en s’appuyant sur la directive du ministère des Armées qui veut honorer tous les combattants de conflits.

Commémoration 78e anniversaire de la libération de la Drôme

Mémorial de la Résistance à Mirmande

Mémorial de Mirmande (26), le 2 septembre 2022

Madame la préfète,

Madame la présidente du Conseil départemental de la Drôme,

Monsieur le général de division Michel Klein, président de la Fédération des Soldats de montagne, à l’origine de ce projet, qui nous fait l’honneur de sa présence

Chers amis,

Nous sommes en juin 1940. Alors que le pays sombre dans le chaos, trois mille soldats, appuyés par une poignée d’aviateurs et de marins, stoppent, dans le nord de la Drôme, la dernière offensive allemande de la campagne de France, portant les valeurs d’abnégation, de persévérance et de solidarité, au-dessus de leur propre destin, et annonçant l’émergence de cet esprit de Résistance qui a caractérisé notre département dans les années qui suivirent.

En juin 1940, en effet, alors que la France subissait l’une des plus grandes défaites militaires de son histoire, peu de personnes se souviennent, qu'en pleine débâcle, se sont déroulés, de la Haute-Savoie jusqu'aux Alpes-Maritimes, en passant par l’Isère et la Drôme, des combats qui vont constituer, de fait, la seule victoire française d’envergure de 1940.

Cette victoire, c'est celle de l'Armée des Alpes, dite « l’Armée invaincue », commandée par le général Olry, à partir de son poste de commandement installé à Valence, au Grand séminaire. Cette armée, forte d’environ 180 000 hommes, va stopper l'offensive combinée, de l’armée italienne sur la frontière transalpine, grâce à ses unités de chasseurs alpins et de forteresse, et de l’armée allemande, en Isère et dans le nord de la Drôme, par l’engagement de forces de circonstance.

C’est ainsi, que les 23 et 24 juin 1940, notre département va faire face à l’offensive de la 4ePanzerdivision, dont l’objectif est le franchissement de l’Isère, ouvrant la voie à la prise de Valence, PC de l’armée des Alpes, et permettant l’ouverture d’une tête de pont sur la rive gauche de l’Isère, afin de prendre à revers les troupes qui assurent la défense de Grenoble.

Les forces engagées dans la Drôme constituent une armée hétéroclite, composée de troupes de réserve de l’armée de terre, telles que le régiment régional des réservistes de la Drôme, et des unités de marche associant spahis marocains et tunisiens, tirailleurs sénégalais, fusiliers de l’air, artilleurs, gardes mobiles et canonniers de marine, qui se déploient, sur la rive de gauche de l’Isère, le long de la ligne de défense Saint-Nazaire-en-Royans, Bourg-de-Péage/Romans, Châteauneuf-sur-Isère/Pont-de-l’Isère, tous engagés dans une mission unique : la défense du sud-est de la France. Mission inouïe, alors que l'armistice est sur le point d’être signé et que partout se débandent des unités françaises en retraite des fronts du Nord et de l’Est. Leur mot d'ordre, pour ces journées des 23 et 24 juin 1940, claque, impératif : «  Ils ne passeront pas ».

Durant ces deux jours, la Drôme sera le théâtre de faits remarquables et héroïques : c’est dans son ciel, à proximité de Châteauneuf-sur-Isère, que se déroule le dernier combat aérien faisant l’ultime victoire des ailes françaises, mais aussi qu’est abattu, au nord de Romans, l’avion du sous-lieutenant Raphenne, dernier pilote « Mort pour la France » de la campagne de France, alors qu’il attaquait au sol des colonnes allemandes à hauteur de Peyrins ; c’est aussi le renfort de canonniers de marine de la Flotte de Toulon qui contribuèrent avec succès au non-franchissement de l’Isère, avec le sacrifice de plusieurs d’entre eux, dont un matelot valentinois qui sera tué à Bourg-de-Péage, alors qu’il était au contact de l’ennemi.

Dans ce cadre historique, il y a deux ans, en plein confinement, la Fédération des Soldats de montagne, à laquelle s’associait la 27°brigade d’infanterie de montagne, présentait à Madame Darrieussecq, alors ministre déléguée à la mémoire et aux anciens combattants, un projet de triptyque mémoriel ciblé sur l’Armée des Alpes de 1940, projet qu’elle a validé et soutenu. Ce Tryptique, composé de chemins de mémoire matérialisés par des panneaux mémoriels, d’un site Internet dédié « labatailledesalpes.fr », auquel il est possible de se connecter par l’intermédiaire des QR-codes insérés sur chaque panneau, et d’un GUIDE VERT Michelin, « Sur les traces de l’armée des Alpes », a pour buts de sortir de l’ombre cet épisode méconnu de notre histoire et de développer un tourisme de mémoire, en s’appuyant sur la directive du ministère des Armées qui veut honorer tous les combattants de conflits.

Cent cinquante panneaux mémoriels et poteaux indicateurs vont ainsi jalonner dix-huit chemins de mémoire et une dizaine de sentiers dans les vallées alpines, sur les cols et sommets frontaliers avec l’Italie, ou encore sur les rives de l’Isère pour ce qui concerne notre département. Trois panneaux mémoriels décrivant les combats qui s’y sont déroulés, seront ainsi implantés à Saint-Nazaire-en-Royans, à Bourg-de-Péage et à Pont de l’Isère, avec l’accord des municipalités que je tiens à remercier ici.

Il restait à définir l’emplacement du panneau mémoriel de synthèse des opérations s’étant déroulées dans la Drôme. Le choix du Mémorial de la Résistance s’est imposé rapidement et je remercie vivement la Fédération des FFI de la Drôme, et son président Daniel Cuoq, de l’avoir accepté. Sur ce site emblématique de « la Drôme debout », faire le lien entre 1940, avec la résistance victorieuse des armées françaises sur les rives de l’Isère face à l’invasion allemande, et 1944, avec l’épopée des FFI, le drame du Vercors, la bataille de Montélimar conduite avec les armées alliées et la Libération de la Drôme, nous a paru en effet hautement symbolique de cet esprit de résistance armée qui a animé notre département durant toute cette période. Ce visuel des derniers combats victorieux sur l’Isère, en juin 1940, traduit tant la situation militaire du moment que la volonté  de continuer le combat contre l’ennemi, comme la suite le montrera.

Pour conclure, il me reste à souligner deux points fondamentaux :

Ce projet de triptyque mémoriel, désormais abouti, est dimensionnant par l’implication financière de toutes nos administrations : les niveaux étatiques (ministère des armées, comité de massif des Alpes), les régions Auvergne-Rhône Alpes et PACA, mais aussi tous les départements concernés, à commencer par la Drôme, et je voudrais remercier ici et très sincèrement Madame Marie-Pierre Mouton, Présidente du conseil départemental et Monsieur Alban Pano, conseiller départemental à la citoyenneté et à la jeunesse, pour avoir cru en ce projet et l’avoir soutenu financièrement.

Ce triptyque mémoriel va permettre, par ailleurs, de développer le lien entre les générations, indispensable pour la transmission du devoir de mémoire et l’éducation des futurs citoyens. En effet, dans le cadre plus vaste des provinces Dauphiné-Savoie, l'inclusion du département de la Drôme dans le GUIDE VERT Michelin, « Sur les traces de l’armée des Alpes », qui sera distribué gracieusement dans les offices de Tourisme par le Conseil départemental, ouvre un nouveau centre d'intérêt à un public familial, adepte d'un tourisme de mémoire, tel qu'il est couramment pratiqué en Normandie et sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale.

Je vous remercie de votre attention et je laisse la parole à Thierry Chazalon pour une courte évocation historique des derniers combats victorieux sur l’Isère en juin 1940.

A l’issue, Madame la Préfète et Madame Marie-Pierre Mouton seront invitées à dévoiler le visuel du panneau. Je précise, pour éviter toute confusion, qu’en raison d’un retard pris dans la fabrication du panneau définitif, ce visuel est monté sur un support provisoire en bois, réalisé par les services techniques de la ville de Livron que je remercie. Le panneau définitif, avec toutes ses sécurités, sera installé prochainement sur le socle en béton.

Général de corps d'armée (2S) Denis Serpollet

Chemin de mémoire Drôme

Panneau général Mémorial de la Résistance Mirmande

Prise de parole de Monsieur Thierry Chazalon, historien ;

 

« Mesdames, Messieurs,

Les combats victorieux de l’armée des Alpes en 1940 font partie des pages peu connues de l’histoire de France et écrire, à la demande de la Fédération des soldats de montagne, leurs déclinaison pour la Drôme a nécessité de retourner dans les archives, de trouver les journaux de marche des unités engagées dans notre département, et pour les documents allemands, de les traduire.

Les Chemins de mémoire de l’armée des Alpes se déclinent sur trois supports :

– panneaux posés in-situ ;

– support papier pour le guide Michelin dédié tel que celui réalisé pour la 2e DB commandée par  général Leclerc ;

– numérique pour les pages internet consultables sur des supports, téléphone mobile, tablette, ordinateur.

Trois formats exigeant une écriture et un format dédié, travail finalement considérable et chronophage.

Aujourd’hui est inauguré le premier panneau.

Les pages-papier du guide sont en cours de correction sur les épreuves fournies par Michelin ; le site internet, en cours de réalisation, devrait être ouvert, pour notre département, courant le mois de novembre.

Les pages en lien avec les panneaux sont déjà consultables en flashant le QR code de ce panneau.

Pour que tous nous puissions bien fixer le cadre historique de mon propos, je rappellerai quelques dates, seront précisés les enjeux des combats pour chaque belligérant,  et je présenterai un soldat français, un Drômois, qui a combattu sur la basse vallée de l’Isère durant les deux derniers jours de la campagne de France. Quelques mots conclurons mon propos sur cette VICTOIRE DANS LA DÉFAITE,

DÉFAITE, Débâcle, abattement que tous les Français ressentent le 14 juin lorsque les troupes allemandes entrent au pas dans Paris, puis le 15 juin avec la prise Verdun, le drapeau allemand flotte sur la cathédrale de Strasbourg et Dijon est pris le lendemain.

Le 18 juin, Lyon, déclaré ville-ouverte, est investie.

Pour bien apprécier la situation, arrêtons nous devant une photo.

Juin 1940, le 21 : dans la forêt de Compiègne, Hitler pose pour la postérité devant le wagon de l’Armistice , celui de 1918, entouré des commandants de la Wehrmacht. Parmi eux, le General-Oberst von Brauchitch, commandant suprême de l’armée de terre ; son chef d’état-major transcrit dans la soirée dans le journal des opérations :

Le groupe Kleist n'a plus d'ennemi devant lui près de Lyon. Cela montre que l’Armée française est battue et que les restes refluent à travers la Loire en direction du sud.

L'armée française n'a qu'un seul front intact, le front alpin, mais la route vers ses arrières nous est déjà ouverte.

Face à la confiante Wehrmacht, le général commandant le seul front intact de l’Armée française, le général Olry, rédige, lui aussi, ses instructions pour les jours à venir :

L’ARMÉE DES ALPES a été mise face à l’Italie : elle y reste.

Contre l’enveloppement par les forces allemandes qui se manifeste, j’ai mis tout ce que j’ai pu, obstacles, effectifs, armes. Ce dispositif improvisé ne vaut certainement, ni en qualité, ni en quantité à ce que nous avons face à l’Est [je précise : sur les cols alpins, face à l’Italie].

Le caractère de l’irruption allemande, c’est la vitesse. […] Nous n’avons pas le temps […]

Sans rien changer au dispositif, ni à l’Est, ni au Nord, ni à l’Ouest, je m’efforcerai, avec d’autres moyens récupérés, de donner de la profondeur à la défense face au Nord, entre Isère et Drôme, et face à l’Ouest, sur le Vercors.

La mission donnée à l’Armée des Alpes : sauvegarder au maximum l’intégrité du territoire national, à la fois, – face aux Italiens, qui ont déclaré la guerre à la France le 10 juin, – face aux Allemands.

 

LE DISPOSITIF DÉFENSIF DANS LA DRÔME

La mise en état de défense du Sud-Est s’appuie sur le compartimentage naturel offert par les cours d’eau : Rhône, Isère, Drôme, Durance et par les massifs montagneux, souvent  infranchissables. Dans ce cadre, barrer les axes possibles d’invasion en dynamitant les ponts routiers, en en défendant les accès pour empêcher les tentatives de franchissement par la mise en place de points de défense organisés autour d’une pièce d’artillerie. 

Les moyens, le général Serpollet vient de le préciser, sont régionaux. Je reprécise, ici, que l’arsenal de Toulon apporte une contribution essentielle pour l’armement de la ligne de résistance qui s’établit le long de l’Isère, de Pont-de-l’Isère dans la Drôme, à Voreppe « verrou » de Grenoble.

Le temps : une pluie battante qui gêne la mise en place des troupes et des défenses, mais qui offre l’avantage de grossir démesurément les flots de l’Isère dont le débit n’est plus celui d’unepassé de 600 à 1 100 mètres cubes.

Sous l’autorité du colonel Desenti, commandant la subdivision de Valence, est organisé le  GROUPEMENT DE DÉFENSE DE LA BASSE VALLÉE DE L’ISÈRE.

Il est divisé en 4 sous-secteurs :

– Pont-de-l’Isère ;

– Châteauneuf-sur-Isère ;

– Bourg-de-Péage ;

– Saint-Nazaire-en-Royans.

LES COMBATS

Le 21 juin, la mission voulue par le General-Oberst von Brauchitch est activée.

Confiée aux généraux List et Hoepner, un corps blindé et motorisé, le 16e corps d’armée est spécialement organisé pour cette opération. Ce sont trois divisions d’élite dont les deux Panzer-Divisionen  viennent de percer le canal Albert (prise du fort de Eben-Emael) ; le général List commandait la 12e armée qui réalise la percée de Sedan.

Le 16e corps d’armée allemand s’élance de Lyon en éventail en direction de ses trois objectifs : Chambéry, Grenoble et, celui qui nous intéresse, Valence.

Le 22 juin, les avants-gardes de la 4.Panzer-Division viennent reconnaître et rechercher les points de passage intact sur l’Isère. À cette date, restent intact les aqueducs ferroviaires de Pont-de-l’Isère, de Vernaison et la passerelle piétonne du barrage de Pizançon, à l’est de Romans-sur-Isère.

Elles constatent aussi que l’Isère roule des flots torrentueux ; que les accès aux ouvrages d’art sont battus par des canons anti-char – ce sont des canons de marine en position protégés par des casemates de circonstance.

Les opérations pourraient s’arrêter là, puisque le 22 juin, l’armistice est signé avec l’Allemagne et les commandements allemands et italiens imaginent que les troupes françaises vont abandonner leur position. Il n’en sera rien : Pont-de-l’isère sera le point extrême de l’avancée allemande en France ; les combats sur l’Isère marqueront un échec pour la Wehrmacht.

Dans ces combats s’écrit une page de notre histoire, une page exemplaire des combats des 23 juin et 24 juin 1940, dont le personnage central est un Drômois, un commerçant de Valence, mobilisé en novembre 1939 et dont l’unité va être insérée dans le sous-secteur défensif de Bourg-de-Péage. Il s’agit du Matelot Louis PASCAL

Louis PASCAL est né à Flaviac en Ardèche. De 1921 à 1923, il effectue son service militaire au 5e dépôt des équipages de la flotte à Toulon. À l'issue de son service, il se marie et le couple s’établit à Valence où ils ouvrent un commerce de bonneterie-mercerie.

Louis PASCAL est mobilisé le 10 septembre 1939 et rejoint le « 5e dépôt » à Toulon.

Le 18 juin 1940, il apprend qu’il part pour une mission de défense « quelque-part ». Le père de famille a le temps d’écrire et de poster une lettre à l'intention de son épouse et de son fils de 14 ans, afin de les informer de son départ en mission et de leur donner des conseils au cas où des combats auraient lieu à Valence. et sur les protections à prendre face à l'ennemi au cas où…

Extrait de sa lettre : « Mes deux chéris….ne vous en faites pas je vous en prie….en cas de danger à Valence, aller à Flaviac ou à Tournon… »

Le général Orly, commandant l’armée des Alpes, ne disposant pas de canons antichars et avait déjà demandé à la Marine, le 18 juin, de mettre à disposition tous les canons de pont à tir rapide dont elle disposait dans ses arsenaux de Toulon, de lui les faire parvenir immédiatement et de fournir les personnels pour les servir.

Dans l’après-midi, la IIIe région maritime fournit 40 canons de 47 mm et de 65 mm de Marine, le matériel de fixation et 250 hommes du 5e dépôt des équipages de la flotte de Toulon formant l’armement avec son encadrement. Le lendemain, 19 juin, les premiers matériels avec leurs servants partent pour VALENCE.

Seuls une trentaine d’entre-eux sont des canonniers marins brevetés, c’est à dire disposant de la connaissance et de la pratique de ces canons ; les autres sont des matelots de la réserve mobilisés, tel Louis PASCAL, âgé de 39 ans, ayant effectué son service militaire dans la Marine ou en attente d’une affectation sur un bâtiment.

Les pièces sont répartis par le commandant du Groupement de défense de la basse Isère, le colonel DESENTI sur les QUATRE SOUS-SECTEURS de défense et sur la deuxième ligne de défense sur la vallée de la Drôme, de Loriol à Die au pied du Vercors. Les pièces sont montées à partir du 21 juin sur des plateformes de tir que l’on doit préalablement bétonner, puis protéger par une casemate de fortune : sacs, briques renforcées par des barres d’acier…

Actions du canonnier de marine Louis Pascal à Bourg-de-Péage

Il pleut, une pluie diluvienne. La mairie de Romans-sur-Isère a organisé l’évacuation de la population ; une première occupation se met en place : les Allemands investissent les casernes et les lycées et collèges pour y établir leur cantonnement. Le colonel commandant la place de Romans tente de négocier, en vain, la réédition des forces françaises en position à Bourg-de-Péage. L’artillerie allemande fait feu sur Bourg, l’artillerie française riposte.

Louis PASCAL fait partie de l’armement de la pièce du Pont-Neuf. Il assiste, le 23 juin, vers 12 heures, à une première tentative de plusieurs tanks allemands de détruire la pièce placée devant le Vieux Pont, les engins ennemis ouvrent le feu ; un projectile atteint la pièce à la bouche et la rend hors d’usage.

Dans l’après-midi, un groupe de combat allemand vient « tâter » les défenses du Pont Neuf : les canonniers de marine tirent une quinzaine de coups et touche une auto-mitrailleuse et un camion, sans les détruire. Les Allemands n’insistent pas et se retirent.

Le 24 au matin, des mouvements sont observés sur les quais : le canon ouvre le feu et détruit une auto sur la rive opposée tuant 3 de ses occupants. Ce sont les derniers soldats allemands de la 4.Panzer-Division dans la campagne de France. Aussitôt la pièce est prise sous le feu des mitrailleuses ennemies. Vers 13 heures, en représailles, l’ennemi déclenche contre elle un bombardement intensif par mortiers et canons de 105. La pièce est touchée : un matelot est tué, trois autres sont blessés dont un gravement. Les blessés sont évacués et la dépouille de Raymond AUVRAY sont transportés à l’hôpital de BOURG-LÈS-VALENCE.

Louis PASCAL décède peu après son admission, à quelques kilomètres de son domicile, alors que la France et l’Italie fasciste signent un armistice au même instant à 16 h 35, pour un cessez-le-feu intervenant 6 heures plus tard, soit le 25 juin à 0 h 35 ».