Armée des alpes Juin 1940
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Code lieu: 003

Linea di difesa di Notre-Dame-des-Neiges

Lalinea di fortificazioni cinque casematte per armi automatiche protette da un reticolato di filo spinato.

Par GDI (2S) Bernard RATEL et Laurent DEMOUZON

Code lieu: 3
Accès à pied

En 1939, une ligne de fortifications est construite par le 99e régiment d’infanterie alpine (RIA) sur les différents môles rocheux barrant la vallée à la hauteur de Notre-Dame-des-Neige. Elle comprend cinq casemates pour armes automatiques, le tout protégé par un réseau de barbelés.

En juin 1940, le dispositif est commandé par le lieutenant Bernardy. Il est occupé par une section d’infanterie avec six fusils-mitrailleurs, un groupe de mortiers et une section de mitrailleuses du 91e bataillon alpin de forteresse (BAF), soit 80 hommes.

Dans la nuit du 21 au 22 juin,les bataillons Alpini Val Fassa et Esille franchissent les cols de Valmeinier et de Névache et descendent sur Valmeinier. Une compagnie se saisit du col de la Madeleine.

Repérés par les observatoires du Crey-du-Péré, de Cotérieux et des Griffes, les Alpini subissent des tirs d’artillerie des batteries des Déserts, du Télégraphe et des Verneys. Malgré ces tirs, les Italiens continuent de progresser.

A 9 h, ils arrivent aux Barmettes. L’infanterie française ouvre le feu depuis les différentes positions de Notre-Dame-des-Neiges. Toute la matinée, les Italiens tentent de progresser.

Devant l’impossibilité d’avancer, ils se replient par le col de Valmeinier, sous le feu des canons français. Les derniers groupes franchissent la frontière dans la nuit. Les Alpini stationnent sous le Mont-Thabordurant trois jours, souffrant terriblement du froid.

Le 22 juin, une patrouille capture trois Italiens perdus et transis. Deux autres sont ramassés sur les pentes du Petit-Fourchon.

Jusqu’à l’armistice, le 25 juin, le secteur reste calme.

 

 

En 1939, une ligne de fortifications est construite par le 99e Régiment d’Infanterie Alpine barrant la vallée à la hauteur de Notre-Dame-des-Neiges. Elle comprend plusieurs casemates pour armes automatiques, emplacements en pierres sèches et tranchées, le tout protégé par un réseau de barbelés.

 

Le quartier de Valmeinier, tenu par la 1ere compagnie du 91ebataillon alpin de forteresse sous les ordres du capitaine Lecoanet, comprend deux points d’appui :

  • Le point d’appui de Notre-Dame-des-Neiges, qui coupe la vallée de la Neuvache à la hauteur de la chapelle du même nom, est placé sous les ordres du lieutenant Bernardy. Il se compose de onze emplacements, bétonnés ou en pierres sèches, entourés de barbelés, occupés par une section d’infanterie avec six fusils-mitrailleurs, un groupe de mortiers et une section de mitrailleuses.
  • Le point d’appui des Déserts, situé en aval du premier, barre la sortie du vallon de Valmeinier et interdit de déboucher de Bissorte par le col des Marches. Les positions de combat se répartissent entre des chalets fortifiés et des emplacements en dur. Sa garnison comprend une section de fusiliers-voltigeurs et un groupe de mortiers.

Le 10 juin 1940 vers 7 h 30, un groupe de la section d’éclaireurs-skieurs (SES) du 91ebataillon alpin de forteresse(BAF) accroche des Italiens dans le secteur du col des Muandes. C’est le premier accrochage du sous-secteur.

Le 16, depuis l’observatoire des Rochilles, l’aspirant Granelle remarque la présence d’Italiens au col desMuandes et sur la crête du Chardonnet.

Le 17 à l’aube, laSESdu 91eBAF, commandée par le lieutenant Mistral, progresse depuis les Rochilles vers les Muandes dans des bancs de brume masquant la visibilité. A 15 h, les éléments de pointe se heurtent à une trentaine d’Italiens installés au col des Muandes. Le feu est rapidement ouvert. Durant trois heures, la montagne s’embrase. Le lieutenant Mistral ordonne le décrochage par groupes sur une position plus favorable pour passer la nuit avant de regagner les Rochilles dans la matinée.

Dans la matinée du 21 juin, alors que retentit au loin la canonnade provenant des pièces d’artillerie des autres sous-secteurs de la Maurienne, venant d’entrer en action contre les Italiens qui attaquent en force, tout est calme dans le sous-secteur de Basse-Maurienne. Vers 9 h 30, des Italiens sont repérés sur la crête frontière par l’observatoire du chalet des Griffes. Le groupe de laSES du 91eBAF du sergent Duvernay, installé sur la pointe de Névache, remarque cette arrivée en force avec l’impression qu’il s’agit d’une base de départ pour une attaque de grande envergure.

Le 22 juin à 4 h 45, le maréchal-des-logis Milleret, observateur du 164e Régiment d’Artillerie de Position au Crey-du-Péré, se porte à la binoculaire d’observation. Au loin, le brouillard accroche les cimes et bouche le fond de vallée. Tout a l’air calme. Pourtant des points semblent bouger sur les pentes encore enneigées du col de Névache. C’est un groupe de skieurs qui évolue en virage. A cet instant, la nappe de brouillard se déchire. Stupéfaction, le Plan-du-Fond grouille d’Italiens.

L’offensive sur Saint-Michel-de-Maurienne, devant couper la vallée en aval de Modane, est confiée au groupement du lieutenant-colonel Ratti, comprenant les bataillons Esille, du 3eAlpini, le Val Fassa, du 11eAlpini, et le IIIe bataillon du 92erégiment d’infanterie appuyés par la 3e batterie de 75/18 du groupe Susa du 1e régiment d’artillerie de montagne.

Dans la nuit du 21 au 22, le bataillon Esille franchit la frontière au col des Muandes, poursuit sur celui de Névache, puis lance ses éléments de pointe sur le Plan-du-Fond. Sans bruit, à la faveur de l’obscurité et du brouillard, ils atteignent la cote 2363. Une section s’empare du col de la Madeleine en fin de soirée avec pour mission de protéger le flanc de l’attaque contre une menace venant de la vallée de la Clarée ou du camp des Rochilles.

Depuis l’observatoire de Cotérieux, l’aspirant Kobloth assiste à la progression ennemie. Il alerte la section de 75 mm du lieutenant Lefèvre installée aux Déserts. Celui-ci en réfère au PC du Télégraphe où personne ne veut croire à une attaque. L’ordre d’ouverture du feu est refusé. L’aspirant rappelle le lieutenant pour lui communiquer de nouvelles coordonnées de tir. Devant le nouveau refus du PC, l’officier répond : « J’ai reçu l’ordre de défendre le sol français ». Les deux pièces ouvrent le feu. Dès l’arrivée des premiers obus, les Alpini du bataillon Esille, surpris, se couchent dans la neige. On leur avait dit que la vallée n’était défendue que par des éléments dépourvus d’artillerie.

Sur la position de Notre-Dame-des-Neiges il est 5 h 05 quand le brouillard se dissipe d’un coup. Les Alpins constatent que tout le fond de vallée grouille d’ennemis. Des éléments avancés ont déjà atteint les cotes 2187, près des Barmettes, et 2347, à proximité de Fond-Tourbière. L’ordre d’ouvrir le feu est donné. Dans le blockhaus du Château, Emile Pitiou servant une mitrailleuse balaye son secteur de tir, vidant bande sur bande. Dans les fortins voisins, les mêmes scènes se déroulent. A 5 h 30, le maréchal-des-logis Milleret aperçoit une importante troupe sous le Mont-Thabor. Il prévient aussitôt le commandement en donnant les coordonnées de tir. Mais les pièces de 105 mm des Choseaux-Verneys restent muettes. La colonne progresse en disparaissant derrière une arête rocheuse. Une seconde apparaît à son tour. Milleret téléphone une nouvelle fois, mais les canons ne tirent toujours pas. La seconde colonne s’ébranle pour rejoindre la première, laissant la place à une troisième. Le maréchal-des-logis reprend le combiné et s’énerve « Qu’est-ce que vous faites ? Voulez-vous vous battre ? » Pendant ce temps, la troisième colonne rejoint les deux autres au pied du Mont-Thabor. Milleret, curé dans le civil, crie dans le téléphone : « Nom de Dieu, tirez donc au pied du Thabor, tirez au percutant ou au fusant, mais tirez».

Ces colonnes appartiennentau bataillon Val Fassa qui a franchi la frontière au col de Valmeinier. Arrivée à la cote 3083, en dessous de la Roche-de-la-Pelle, la compagnie de tête bifurque au sud-ouest, et descend sur le fond de Valmeinier, près de la cote 2 500, lorsque quatre énormes geysers de neige se soulèvent brusquement. C’est la batterie de 105 mm des Choseaux-Verneys qui vient enfin d’entrer en action. Tirant au maximum de portée, les tubes les plus verticaux possibles, les pièces du lieutenant Cadeau crachent les obus. Passant dans un long sifflement au ras de la cime du massif de la Sétaz, ils percutent sous le Mont-Thabor. Les Italiens pressent le mouvement. Heureusement pour eux, la neige épaisse atténue les effets des explosions et le brouillard gêne considérablement les observateurs. Sans pertes, le bataillon rejoint au Plan-du-Fond ses skieurs et les éléments du bataillon Esille qui subissent maintenant le feu de toute l’artillerie du sous-secteur pouvant tirer sur des objectifs. Les fantassins italiens, poussés par les officiers, continuent la progression. A 9 h, les Barmettes ainsi que le Fond-Tourbière sont atteints par les Alpini de l’Esille, et la cote 2529 par leurs camarades du Val Fassa. Des éléments courageux s’approchent de la Sausse, à quelques centaines de mètres des fortins français mais ils ne réussissent pas à se maintenir sous le feu. Aux Barmettes, courageusement, les servants des mitrailleuses Breda et des fusils-mitrailleurs tentent de riposter. Des mortiers sont mis en batterie mais leurs tirs trop courts ne dépassent pas les Angeliers.

 

A 10 h, les Alpini du Val Fassa sont également bloqués. Les deux bataillons commencent à subir des pertes. Le sous-lieutenant Bruno de l’Esille constate : « Nous ne pouvons observer les tirs étant donné la brume qui nous entoure. Pourtant ils sont précis. Cela provoque quelques débandades. J’avertis mes hommes qu’ils doivent rester sur place, car il faut prévoir que ces tirs seront allongés ou du moins déplacés. C’est ce qui se passe. Les hommes qui sont en dessous de nous reçoivent à leur tour les tirs, tandis que nous pouvons pousser un soupir de soulagement, parce que nous sommes désormais en dehors de la zone battue ».

Devant l’impossibilité de progresser, les commandants des différentes compagnies ordonnent le décrochage. En fin de matinée, les Italiens se regroupent dans deux secteurs. Le premier, en arrière de la crête descendant de la Roche-de-la-Pelle, recueille principalement des hommes du bataillon Val Fassa. Le second secteur, de l’autre côté de la cuvette à la verticale de la pointe de Névache, ceux de l’Esille.

Averti de la présence d’éléments ennemis au col de la Madeleine, le sous-lieutenant Bourjade, commandant laSES I/343erégiment d’infanterie et le lieutenant Mistral dirigeant celle du 91eBAF décident de mener une opération contre eux. Dans la nuit du 20 au 21 juin, deux groupes de la SES du 91eBAF, commandés par le lieutenant Mistral, quittent les Rochillespourla pointe de Roche-Château, couverts par le bruit de l’artillerie française qui se déchaîne sur les cols. Les Italiens, occupant le col de la Madeleine, absorbés par le spectacle qui se déroule dans le fond de Valmeinier, ne remarquent rien. Les Français ouvrent le feu. Pris de panique, les Italiens se terrent dans les rochers. Les éclaireurs en profitent pour progresser jusqu’à la crête découvrant 300 m en dessous du col des éléments du bataillon Esille. Malgré la distance, Mistral fait ouvrir le feu. Les Italiens, surpris, ne comprennent pas d’où proviennent ces tirs. Le groupe Brun, descendant de la Pointe de Névache, capture douze Alpini qui sont évacués sur le PC du sous-secteur pour être interrogés.

Durant tout l’après-midi du 21, les Italiens se regroupent, tentant de s’organiser. Les radios ne fonctionnent plus. A 16 h, le brouillard se dissipe, permettant la reprise des tirs de l’artillerie française. Les Italiens sont pilonnés sans cesse par l’artillerie, pris à partie par les armes de Notre-Dame-des-Neiges et sous le feu des éclaireurs depuis le col de la Madeleine. Courageusement, les hommes se remettent en marche vers l’unique salut que représente la crête frontière.

Les Alpini des bataillons Val Fassa et Esille remontent péniblement sur le col de Valmeinier. Pour s’alléger, les hommes se déchargent de leurs sacs et équipements qui les ralentissent. Enfin, le brouillard salvateur revient, les dissimulant aux yeux des observateurs. Tard dans la nuit, les derniers groupes franchissent le col tandis que des isolés se terrent dans le fond de la vallée.

Au petit matin du 22 juin, une patrouille française part de Notre-Dame-des-Neiges vers les Barmettes. Sur le sol traîne un matériel abondant. Un drapeau blanc apparaît derrière un rocher. Trois Italiens du bataillon Val Fassa s’avancent, les bras en l’air. Coupés des leurs durant le repli, ils ont passé la nuit sur le terrain. Deux autres hommes de ce bataillon sont capturés en fin de journée sur les pentes du Petit-Fourchon.

Jusqu’à l’armistice, le 25 juin, le secteur reste calme.