Armée des alpes Juin 1940
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Code lieu: 704

Le fort du Truc

Le fort du Truc, ou fort des Quinze-Cent (en référence à son altitude), est un ouvrage fortifié alpin, situé au nord-ouest de Bourg Saint Maurice implanté entre les ruisseaux du Charbonnet et de l'Arbonne, est la pièce maîtresse du dispositif.

Par GDI (2S) Patrick Moussu , Col (er) Dominique BESSE et LCL (H) Benoît DLEUZE

Code lieu: 704
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 Fort du Truc

Mission

En 1882, le royaume d'Italie intègre la Triplice, augmente ses unités d'Alpini et commence à fortifier les Alpes. En réaction, la République française crée ses troupes de montagne (notamment les bataillons de chasseurs alpins) en 1888 et lance la modernisation de ses fortifications alpines. En Haute-Tarentaise, le col du Petit-Saint-Bernard permet de rejoindre la vallée d'Aoste : les environs de Bourg-Saint-Maurice, en bas du col, sont donc fortifiés.

Sur les hauteurs de la rive droite de l'Isère, s'échelonnent la batterie de Vulmix (à 1 050 mètres d'altitude), le fort du Truc (à 1 551 m) et le blockhaus de la Platte (à 1 993 m), les deux premiers couvrant de leur artillerie la route nationale 90 (actuelle D1090) qui descend du col, ainsi que la forêt de Malgovert sur l'autre versant. Le blockhaus de la Platte sert à protéger les deux ouvrages en dessous. En amont, directement sous le col, la défense avancée est confiée au fort de la Redoute Ruinée et en dessous à l'ouvrage du Roc Noir.

Sur l'autre versant, rive gauche de l'Isère, juste en face des lacets de la route nationale, le flanquement du Truc et l'interdiction du ravin de Versoyen (menant au col de la Seigne) sont confiés à quatre batteries partiellement bétonnées et aménagées en 1913-1914 : deux à Courbaton (batterie nos 3 et 3 bis, à 1 500 m d'altitude), une au Leuchelet (batterie no 4, à 1 700 m d'altitude) et une aux Têtes (batterie no 5, à 1 800 m d'altitude) pour des canons de 120 mm long.

 

Description

Le fort forme un quadrilatère irrégulier, avec son côté oriental donnant sur la falaise ; les trois autres côtés sont défendus par un fossé, une caponnière double au nord et un coffre de contrescarpe à l'ouest. L'artillerie était disposée à l'air libre et pointée vers l'est, le personnel et les munitions se réfugiant en cas de besoin dans trois traverses-abris. Dès le projet de 1890, il a été envisager d'installer une tourelle Galopin pour deux canons de 155 mm L, sans qu'elle soit installée. En 1913-1914, la caponnière double est renforcée par une dalle de béton armé.

C'est un fort Séré de Rivières de deuxième génération, prévu pour une garnison de 293 hommes. Il domine la batterie de Vulmix. Fort intéressant dont le front de gorge était défendu par un coffre de contrescarpe au saillant I, les fronts I-II et II-III l'étaient par une caponnière double et le III-IV par un mur à bahut avec bastionnets aux lignes courbes, en fait d'authentiques tours. Le coffre du saillant I n'est pas relié au fort. Le pont-levis à bascule en dessous est en très bon état de conservation. Les citernes sont aisément accessibles. Le casernement à deux niveaux donne sur le fossé de gorge. L’essentiel des chambrées est encore doté de ses grabats datant de l'entre-deux-guerres. En capitale, la boulangerie a conservé quasiment intact son petit four pour 60 rations. Sous le fort, un magasin sous roc a été creusé. Il est accessible par deux escaliers et comprend deux puits de monte-charge, tous deux toujours surmontés de leur treuil. Dans ce magasin sous roc, chose rare, on peut encore observer une niche aux artifices ayant conservé son habillage de bois et de zinc. L’armement prévu était de six canons de 155 L et deux canons de 95 mm tandis que la défense des fossés était confiée à de la mousqueterie. Ainsi qu'en témoignent les carnets du lieutenant Antoine Vincent, commandant du fort durant l'hiver 1901-1902, la garnison (détachement du 158e RI) était logée dans des baraquements (avec double vitrage) en avant de l'entrée du fort. Ces baraquements, en piètre état, subsistent encore aujourd'hui. Un beau croquis mural de l'insigne de la 8e batterie du 164e RAP. Le fort est désormais utilisé par une société d'animations qui ne s'oppose généralement pas à une visite.

Au moment de la mobilisation française de 1914, l'armement du fort est de quatre canons de 155 mm L, deux de 120 mm L, deux de 95 mm, deux mortiers de 15 cm et quatre mitrailleuses. En 1915, le fort est désarmé et ses canons envoyés sur le front : l'Italie vient d'entrer en guerre comme alliée de la France.

Dans l'entre-deux-guerres, le fort est intégré dans le nouveau secteur fortifié de la Savoie, une des subdivisions de la ligne Maginot. Il est ainsi réarmé avec quatre canons de 105 mm L modèle 1913, servies par une partie des hommes de la 8e batterie du 164e régiment d'artillerie de position (164e RAP). Une casemate bétonnée pour des canons de 75 mm fut projetée, mais jamais construite4.