Pays du Voironnais (Isère)
La bataille de Voreppe constitue un épisode majeur de cette histoire peu connue.
Par Jean Paul Noir et le Cne Léopold Courtois du Musée des Troupes de Montagne et Florent Mezin
Fights around Voreppe
At the start of the Second World War, in June 1940, when the French front in the northeast was pierced by the Germans, a new decisive battle was now being played out in the Alps. against the Italians on the border, against the Germans at the cluses of Voreppe and Chambéry
Sources: Juin 1940, Voreppe Rempart de Grenoble, co-écrit par Jean-Claude BLANCHET et Gaston REGNIER.In May-June 1940, having invaded two-thirds of France, the German vanguard attempted to break through the Voreppe threshold.
On 20 June, the German high command announced its intention to join forces with the Italians at Chambéry and take Grenoble.
A second line of French resistance therefore had to be created from scratch on the Isère.
General Cartier was entrusted with its defence.
It was decided to take advantage of the natural narrowing of the Isère valley at the Voreppe sill.
Le 24 juin, le 16ème corps blindé allemand se déploie devant les troupes françaises bien camouflées.
Ignorant la présence des canons français de longue portée, les blindés de la 3e Panzer se rassemblent et s’apprêtent à forcer la trouée de Voreppe.
Durant tout l'après-midi les canons français neutralisent toutes les colonnes de véhicules arrêtés ( chars, camions), occasionnent des pertes sérieuses et les obligent à faire demi-tour.
Ils prennent aussi à partie neuf batteries de mortiers et de canons allemands qui tirent sur Voreppe et Grenoble et leur imposent de cesser les tirs.
Ils dispersent les rassemblements de blindés et incendient un dépôt de carburant.
Toutes les attaques sont contenues très énergiquement et Voreppe résiste à l'envahisseur : la bataille de Voreppe entre dans l'Histoire et devient le verrou des Alpes .
L’armistice est signée le 25 juin 1940.
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Jean-Claude Blanchet et Gaston Régnier: Juin 1940, Voreppe: Rempart de Grenoble, 1990, 251 pages.
En mai 1940, les effectifs de l’Armée des Alpes ne sont plus que de 175 000 hommes.
La Vision globale de la défense des arrières de l’armée des Alpes
En septembre 1939, la 6e Armée, placée sur le front des Alpes face à l’Italie, comprend 550 000 hommes au sein de 12 divisions et de quatre secteurs défensifs dont trois fortifiés.
En mai 1940, les effectifs de l’Armée des Alpes ne sont plus que de 175 000 hommes du fait des prélèvements d’unités au profit de la brigade de haute montagne projetée en Norvège, au profit de front du Nord et de l’Est:
– il ne reste plus que 85 sections d’éclaireurs-skieurs (SES),
– trois divisions de réserve,
– et les quatre secteurs dans les vallées alpines – secteur défensif du Rhône (SDR), secteurs défensifs fortifiés de Savoie (SFS), du Dauphiné (SFD) et des Alpes Maritimes (SFAM).
Au moment de l’ouverture des hostilités à la déclaration de guerre de l’Italie le 10 juin 1940, 85 000 combattants se trouvent face au front des 350 kms de la frontière franco-italienne.
Les effectifs italiens sont importants – 20 divisions à la frontière, 14 divisions en réserve-comprenant 350 000 hommes auxquels il faut ajouter le 7e armée italienne comprenant 44 000 hommes en réserve.
Ces combats de 1940 dans l’arc alpin furent à la fois une bataille défensive des cols et des sommets à la frontière franco-italienne et un combat retardateur puis une défense ferme face aux Allemands. Pendant que les unités de l’Armée des Alpes font face aux Italiens, les armées allemandes ont percé le front français principal sur la Marne le 12 juin et se trouvent le 15 à Langres.
Dès la mi-juin, le général d’armée Olry, commandant l’armée des Alpes, veut défendre l’arrière du dispositif de l’armée faisant face aux Italiens et constituer une force à partir d’unités de marche en utilisant toutes les ressources disponibles.
Il pose à son état-major un problème des plus ardus au moment où le front principal craque de toute part dans le Nord de la France.
« Faire face au nouvel ennemi, sans enlever un homme, une arme aux troupes qui font face à l’Italie » : disait, à son état-major, le Général d’armée Olry qui a réussi à galvaniser toutes les énergies pour mener à bien son projet de protéger la bataille de la frontière et interdire aux Allemands l’accès à Annecy, Chambéry, Grenoble et Valence avec des unités de marche ou des jeunes recrues. Le 18 juin, les avant-gardes allemandes ont atteint Bourg-en-Bresse et Roanne.
35 000 hommes, provenant des unités régionales et d’unités se repliant du front du Nord, constituent les groupements de défense ; 130 canons sont prélevés dans les dépôts des trois armées.
Les unités ainsi constituées feront face aux cinq divisions allemandes -2 divisions blindées, 2 divisions motorisées, 1 division de montagne-. Comme la ville de Lyon est déclarée « ville ouverte », la première position de résistance, prévue initialement sur le Rhône, est reportée sur l’Isère, sur les marches du massif de la Chartreuse et le Rhône savoyard et haut-savoyard.
La « levée en masse » des groupements s’organise :
- Les commandants des deux régions ont reçu comme mission de constituer des unités de marche à partir des réserves régionales.
- En outre, pour récupérer et trier les unités qui se replient du nord de la France, le général Olry organise des barrages au sud de Lyon pour signaler les unités de passage, pour analyser leurs capacités à combattre, et suivant le résultat soit pour rassembler les unités constituées vers un dépôt de la rive gauche de l’Isère, soit pour diriger les fuyards suivant leurs spécialités vers des centres de regroupement – à Valence pour les chars, Orange pour la cavalerie, Avignon pour l’infanterie, Nîmes pour l’artillerie -.
- L’armée de l’air fournit dix compagnies destinées à la défense des bases aériennes ; renfort conséquent de 1250 hommes et de 150 mitrailleuses.
- La marine propose des canons de 47 mm et de 65 mm avec leurs servants pouvant équiper les défenses en canons antichars.
- Des canons d’artillerie neufs de 105 mm et 155 mm qui devaient être exportés en Roumanie sont récupérés pour constituer le 104e régiment d’artillerie lourde (RAL).
- Le 20e régiment d’infanterie coloniale est constitué à 4 bataillons à partir de nombreuses unités disparates et non coloniales.
- Des chars au blindage non terminé ont été récupérés dans des usines ; leurs munitions sont prélevées dans les usines à Toulouse.
Ces unités hétéroclites se répartissent en trois secteurs :
- La défense de l’Isère de Saint Nazaire en Royans jusqu’au Rhône est confiée au général Vichier-Guerre avec une dizaine de bataillons de marche, quelques chars et une vingtaine de pièces d’artillerie dont quelques-unes sur voie ferrée.
- La défense de l’Isère de Saint Nazaire à Voreppe, ainsi que le massif de la Chartreuse est tenue par le groupement Cartier qui comprend une douzaine de bataillons d’infanterie et 37+5b pièces d’artillerie. Voreppe est le point clé de toute cette défense. Le général Cartier organise son secteur en sept sous-secteurs installés sur l’Isère, en Chartreuse jusqu’au Rhône de Belley.
- Enfin, plus au nord, le secteur défensif du Rhône (SDR), commandé par le général Michal, est composé de quatre bataillons avec seulement 11 canons d’artillerie. La brigade de spahis et le groupe de reconnaissance du corps d’armée a quitté le SDR et a été mis à la disposition du groupement d’armée n° 2.
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Les unités allemandes
Le XVIecorps d’armée allemand, commandé par le général Hoepner, a reçu la mission de se saisir de Grenoble et de Chambéry, de couper la retraite aux unités de l’armée des Alpes attaquées par les forces italiennes. Les unités allemandes avaient aussi pour mission d’occuper le nord de la Haute-Savoie pour éviter tout mouvement vers la Suisse. Le général Hoepner constitue trois groupements pour attaquer les zones arrières de la ligne « Maginot Alpine » :
- Le groupement A, constitué de la 13edivision d’infanterie motorisée renforcée, doit gagner la frontière suisse, occuper Annecy et Saint Pierre d’Albigny pour barrer les routes venant de Tarentaise et de Maurienne.
- Le groupement B, constitué de la 3e division blindée, renforcée d’unités motorisées doit atteindre rapidement Grenoble pour barrer la vallée de l’Isère et celles du Drac et de la Romanche.
- Le groupement C, constitué de la 4e division blindée, doit assurer la couverture des deux autres groupements en attaquant jusqu’à Montélimar.
Ces divisions blindées ont participé aux campagnes de Pologne et de Belgique, à la percée de la ligne Weygand dans la Somme ; la 13e division d’infanterie, quant à elle, a combattu en Belgique et en France. Les chefs allemands avaient surestimé les effectifs de l’armée des Alpes ; ils pensaient que cette armée comprenait 8 divisions et trois brigades de forteresse.
Sources
L’Album Mémorial la bataille des Alpes du colonel Henri Béraud,
L’article du général Mer (chef d’état-major de l’armée des Alpes) paru dans les cahiers de Savoie en 1945.
Sincères remerciements à la commune de Voreppe, au DMD 38 et au Musée des Troupes de Montagne pour leur soutien!
VOREPPE
Partenaires Isère / Chartreuse
