Les combats de la Monta
En 1940, le village de la Monta compte environ 200 habitants. Il est isolé, loin de la ligne de résistance positionnée autour de Château-Queyras et du point fort d’Abriès. Sa population a été évacuée et dirigée en Ardèche.
Par GDI (2S) Hervé Bizeul, Patrick Lemaitre et Nicolas Izquierdo
Faisant face au col Lacroix, passage le plus facile de l’Italie vers le Queyras, la trentaine d’hommes de la Section d’Eclaireurs Skieurs (SES) du 92e bataillon alpin de forteresse (BAF) y a pris position.
La Monta traversé par les italiens.
"Dès le début de l'attaque l'artillerie italienne tire sur la Monta. La SES du 92e BAF qui est installée dans les bois en face de la Monta sur la rive gauche du Guil assiste indignée au bombardement du village".
Henri BéraudLa Monta incendiee
Collection Woerhlé
Le sous-lieutenant Rouffiange commandant la SES écrit :
« Aussitôt l'incendie apaisé, et ce fut vite fait dans ces vieilles maisons du XVIII° siècle en bois, un assaut massif, avec hurlements de triomphe, puis un grand silence : la Monta en ruine était prise. Bien entendu nous ne les avons pas laissés jouir longtemps de cette victoire car avec notre tir, nous les avons bloqués ».
Sous la pression du bataillon Pinerolo qui attaque de tous cotés, la SES se replie vers Abriès dans la soirée. Finalement, les Italiens font une pause dans leur attaque et ne débouchent du village que le 22 juin matin.
Henri Béraud écrit de nouveau
« Débouchant de la Monta, le bataillon Pinerolo progresse en direction d'Abriès par le sud-est jusqu'au bois de la cote 1545, limite extrême de portée des pièces lourdes françaises. Guettés à ce point, les Alpini sont bloqués par l'artillerie française ».
Le 22 juin 1940, Ristolas est à son tour victime de tir de l’artillerie italienne positionnée près du col Lacroix et vers le « Pra ». Le village est de nouveau en flammes car il avait déjà subi des tirs depuis le 20 juin, il sera lui aussi détruit à plus de 80%. Evacué par les troupes françaises qui se sont regroupées autour d’Abriès, le 22 juin 1940, il est occupé par les Italiens du 3e Alpini de Pinerolo. Après l’armistice du 24 juin, comme il a été conquis, il sera annexé comme la Monta par l’Italie. Les lois italiennes seront appliquées et pour les écoliers, des cours d’italien seront obligatoires.
Le 23 juin, le colonel Emilio Faldella, commandant le 3e Alpini, temporisera l'attaque d'Abriès car la 26e compagnie du bataillon Pinerolo après avoir dépassé La Monta et Ristolas la veille, est arrêtée dans les bois de la Jassaygue et l'absence totale de visibilité (pluie et brouillard dans la vallée) interdit l’emploi efficace de l'artillerie. Il renonce ce jour-là à attaquer le point fort d'Abriès bien défendu par les deux points d'appuis fortifiés nord et sud. Cette temporisation et l'annonce dans les rangs italiens de l'armistice imminente feront vaciller la vigilance dans les rangs italiens ce qui permettra aux Français de lancer un coup de main audacieux rive droite du Guil et de faire une cinquantaine de prisonniers.
Déclaré territoire Italien annexé après l’armistice du 24 juin, les Italiens enterrent dans le cimetière plusieurs de leurs morts.
les italiens enterrent leurs morts.
En 1944
Alors que le sud de la France est libéré, les Allemands et leurs alliés fascistes tiennent encore la frontière franco-italienne. Les lignes françaises sont à Aiguilles. Le haut-Guil est un « no man’s land » dans lequel s’aventurent les patrouilles des deux camps.
Le 27 août 1944, un douanier et un berger sont tués dans une embuscade à la Monta. Le 11 septembre 1944, une patrouille de sept combattants des forces françaises libres est accrochée près du Guil. Il y aura 2 morts et 2 blessés.
Au petit matin du 7 février 1945, une forte patrouille française du 11e BCA, issu des maquis de l’Ardèche et de la Loire, fait une pause rive droite du Guil, face au village de Ristolas. Embusqués dans les ruines, les chasseurs de montagne allemands les attendent et ouvrent le feu. Le combat dure de 7h30 à 14h. Il fait tellement froid que des chasseurs vont tremper les pieds dans le Guil pour les réchauffer. le bilan terrible. On dénombrera 7 tués et 5 blessés ; aucune perte chez les Allemands.
En avril 1945, les troupes allemandes se retirent et abandonnent le col Lacroix. Pour ne pas qu’il puisse servir à leurs adversaires, ils dynamitent le refuge Napoléon qui leur servait d’abri.
Jamais reconstruit, il ne reste du hameau de la Monta que l’église et l’ancien bâtiment des douanes devenu gite – refuge.