Les combats aux Fourches (Haute-Tinée).
La haute vallée de la Tinée relevait du commandement du XIVe corps d’armée de Lyon et non du XVe corps de Marseille
Par Jean Pierre Martin et Marc Endinger
Camp des Fourches
Forces en présence
- françaises : 73e bataillon alpin de forteresse (BAF) et sa section d’éclaireurs-skieurs (SES) et II/ 299e régiment d’infanterie alpine (RIA) et sa SES.
- S’ajoute l’appui d’artillerie des 9e et 14e batteries du 162e régiment d’artillerie de position (RAP) et du I/93e régiment d’artillerie de montagne (RAM).
- italiennes : 7e et 11e régiments Alpini (division Pusteria).
La haute vallée de la Tinée, même si elle est nominalement rattachée aux Alpes-Maritimes, relevait du commandement du XIVe corps d’armée de Lyon et non du XVe corps de Marseille, ce qui a pu susciter des problèmes de coordination au moment des combats.
En dépit de l’altitude particulièrement élevée et de la longueur des marches d’approche (les cols de Pouriac et du Fer culminent au-delà de 2500 mètres), les Italiens vont tenter crânement de déboucher vers la vallée.
Certains ouvrages Séré de Rivières, dont celui des Fourches, et le blockhaus Maginot du même nom, jouent un rôle non négligeable dans le système défensif.
La principale offensive est lancée dans la nuit du 22 au 23 juin contre la SES du 73e BAF (lieutenant Poitrey) avec un bataillon d’Alpini. Nos éclaireurs doivent se replier sur l’avant-poste des Fourches.
Un tir de barrage et le feu nourri des défenseurs suffisent à contenir l’attaque.
Sous le col du Fer, la SES du lieutenant Lonjaret (II/299e RIA) repousse difficilement les tentatives du 11e Alpini jusqu’au cessez-le-feu du 25 juin.
Camp des Fourches
En 1940 le col des Fourches se trouve sur la ligne des avant-postes (AP).
Cette ligne passe par le secteur les Sagnes-les Fourches tenu par la 1re compagnie du 73e bataillon alpin de forteresse (BAF) du capitaine Barret avec l’ouvrage d’AP des Fourches, puis par le secteur Les Fourches-Le Pra tenu par la 2e Cie du 73e BAF du capitaine Vitoux avec l’ouvrage d’AP du Pra et enfin par Saint Dalmas et son AP tenu jusqu’au Pont Haut des éléments du 74ième BAF dont sa SES.
La ligne des AP est complétée par les points d'appui (PA) des Sagnes, de la cime de Pelousette, du Lauzarouotte et de Las Planas.
Le secteur des Fourches est défendu en première ligne par le PA des Fourches construit par la main d’œuvre militaire entre 1931 et 1939. Il est commandé par le lieutenant Delécraz. Il comprenait six blocs dont deux pour mitrailleuses.
Depuis le PA on avait une vue plongeante sur le Salso Moreno et on pouvait surveiller les cols de la frontière.
De plus, ce secteur pouvait bénéficier de l’appui de l’artillerie. Celle-ci comprenait les pièces de 75/31 et 75/32 de l’ouvrage de Restefond ainsi que de 26 pièces de campagne (65M, 75M, 75/1897, 155 C , 155 L) servies par le 1er groupe du 93ième RAM et les 9ième (en partie) et 14ième batteries du 162ième RAP.
Dès le 15 juin 1940, la SES 73e BAF du lieutenant Poitrey patrouille le secteur Restefond – Salso-Moreno et y accroche les Italiens.
Le 21 juin, les Italiens commencent à déclencher leurs attaques. Ils effectuent de nombreux tirs d’artillerie sur le secteur des Fourches durant la journée du 23 juin afin d’appuyer la poussée italienne. Mais toutes les attaques des 7e et 11e Alpini des 23 et 24 juin seront repoussées.
À noter que le temps est très mauvais avec brume et neige. L’attaque italienne échoue que ce soit aux alentours du col de Pourriac ou dans le Salso Moreno.
L’action cumulée des tirs de fusils-mitrailleurs FM 24/29 de la section d'éclaireurs-skieurs (SES) du lieutenant Poitrey, des tirs de mitrailleuses de l’ouvrage des Fourches, de l’artillerie de Restefond, des canons de 75 mm modèle 1931 de l’ouvrage de Restefond qui tirent sur le col de fer, des quatre pièces de 65 mm de montagne des lieutenants Velu et Testut (162e RAP et 93e régiment d’artillerie de montagne au faux col de Restefond) annihile l’offensive italienne.
Des Italiens ont été faits prisonniers au Salso Moreno où ils étaient encagés, cloués au sol. En milieu d’après-midi, le médecin Duverne et le lieutenant Delécraz portent secours aux blessés italiens et récupèrent 17 prisonniers, dont un sous-lieutenant avec le fanion de la 141e compagnie du bataillon Bolzano.
Après l’armistice, le 26 juin, une rencontre a lieu avec un détachement italien comprenant un médecin, chargé de récupérer les cadavres des soldats italiens. Les honneurs militaires leur sont alors rendus en présence du capitaine Vitoux.
Le lieutenant-colonel Soyer qui commandait la 157e demi-brigade de forteresse (73e et 83e BAF) dans son ordre général N° 4, écrit : « Dans notre secteur, l’ennemi a cherché par deux fois à s’emparer de la position des Fourches, par deux fois, il a été repoussé avec de lourdes pertes et avant-hier, il laissait entre nos mains 18 prisonniers ».
Aux Fourches, comme partout ailleurs dans les Alpes : « On ne passe pas » !
Sincères remerciements à la municipalité de Saint Dalmas le salvage, au parc du Mercantour et à l'amicale nationale du 22e BCA pour leur soutien!
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