Lec combats du col de l’Echelle (bis)
Au col de l'Echelle, les Italiens ont cherché à flanc-garder leurs unités déployées à Bardonecchia qui s'apprêtaient à attaquer en direction de Modane.
Les, offensive italiennes
Max_Schiavon la bataille des Alpes edition_Pierre_de_Taillac_2021
Avant juin 1940 les Italiens n’avaient pas d’intention belliqueuse envers la France.
Leur Vallo Alpino était cependant très solide et de nombreux bunkers autour du col abritaient près de 20 mitrailleuses, 3 canons antichars et 1 canon de 75, sans compter le fort de Jafferau près de Bardonecchia, ainsi qu’une nombreuse artillerie de campagne au pied du col, côté italien.
Le secteur français tenu par une section du 82 BAF ( Bataillon Alpin de Forteresse) comportait 3 pilules briançonnaises (des blockhaus) de deux hommes chacune, quelques tranchées sommaires et 3 « abris alpin en tôle bétonnés ».
La Section d’ Eclaireurs Skieurs du 1er bataillon du 159 RIA (SES I/159) complétait le dispositif vers la crête St Hippolyte. Tous étaient parfaitement soutenus par des canons de 75 déployés au Fort de l’Olive et aux alentours.
Dès le 10 soir les Français font sauter la route à minuit.
Premières actions italiennes.
Du 12 au 15 juin, profitant des passages de brouillard, les Italiens installent une quinzaine de postes de combat sommaires sur le sommet de l’Aiguille Rouge avec des rochers et des sacs à terre.
Les Italiens empiétant sur le territoire français, le général Cyvoct décide de les déloger bien qu’ils ne soient pas très agressifs.
Dans la nuit du 15 au 16, une batterie de 75 mm du 93e RAM (Régiment d’Artillerie de Montagne) monte depuis Chantemerle dans la vallée de la Guisane, et va se mettre en position dans le vallon de l’Oule au Nord du col du Granon.
Ayant aperçu des mouvements au petit matin, le tir est déclenché. Les sacs à terre volent de tous côtés.
Les hommes surpris courent en tout sens. La SES du I/159e RIA complète l’action avec ses fusils mitrailleurs.
Un Italien blessé et désorienté est fait prisonnier 200 m en avant des lignes françaises par l’éclaireur Dalmon du 159e RIA.
Le 17 juin, un nouveau tir de 75 est déclenché afin de déloger les occupants d’un abri de tir pour mortier situé en avant de l’arête Nord-Ouest de l’Aiguille Rouge.
Vers 10h00, une soixantaine d’hommes du 92° Régimentto d’infanterie italien attaque la crête de Saint Hippolyte tenue par un groupe de la SES du 159. Malgré un bombardement de trente minutes et une centaine d’obus, les alpins tiennent bon.
Attaque en force du col
Le 18 juin, les Italiens renouvellent leur attaque avec une compagnie de part et d’autre du col.
Ils sont arrêtés par les tirs de flanquement des postes Français et les tirs de 75 mm du fort de l’Olive.
Les Italiens tentent de faire taire le fort de l’Olive, mais les obus de 149 mm du Chaberton et de Jafferau, et de 152 mm de l’artillerie de campagne dépassent le fort et s’écrasent pour le plupart dans le vallon du Creuset à l’Ouest du Fort.
Vers 22h00, le Bois Noir où se trouvent le PC de la 2° cie du 82e BAF, deux sections et des éléments de soutien du bataillon au sud de la départementale est de nouveau bombardé. Sans grand dommage.
L'attaque des Acles
Ayant testé nos positions au col de l’Echelle, le 18 soir, les attaques Italiennes basculent vers le vallon des Acles tenu par le 95e BCA sans chercher vraiment à déboucher dans la Clarée alors que le 95e s'était replié prématurément vers Plampinet.
Les bombardements du Bois Noir continueront le 19 juin.
Il semble que les Italiens cherchent davantage à nous contenir ou à nous tester qu’à nous enfoncer car ils ne poursuivent pas leur attaque.
Les attaques en direction de la Clarée n’étaient-elles que des diversions visant à s'assurer que les Français n'allaient pas attaquer en direction de Bardonecchia où le gros de la division Superga était rassemblée ?
En effet, l’effort de la division Superga à laquelle appartiennent les unités qui viennent d’attaquer le col de l’Echelle et le vallon des Acles, va désormais se prononcer en direction de Modane tandis que de violents combats vont se dérouler à Montgenèvre et Cervières pour tenter de percer en direction de Briançon.
La vallée de la Clarée, située à la jointure entre le 1er Corps d'armée italien attaquant vers Modane, et le 4ème Corps d'armée attaquant vers Briançon, sera plutôt épargnée au plus fort de la bataille des Alpes entre le 20 et le 24 juin 1940.
Les habitants retrouveront néanmoins leurs maisons en piteux état et auront payé bien cher leur évacuation.
Le 24 juin vers 20h00, le Bois Noir recevra encore un dernier bombardement.
Tempo giugno1940
On constate sur cette carte de Max Schiavon[1] représentant l'ensemble des offensives italiennes que les différents corps d'armées italiens attaquent tous vers l'ouest avec l'intention affichée de conquérir indépendamment les uns des autres, le maximum de territoire français dans un minimum de temps. Aucune coordination opérative d'ensemble n'apparaît clairement. Le 1er CA avait quasiment percé les défenses françaises à Plampinet. Il aurait pu poursuivre son attaque dans la Clarée soit pour prendre le Col de l'Echelle à revers soit surtout pour pousser son avantage vers Val des Prés. Il y avait là une opportunité tactique à saisir qui aurait pu grandement faciliter l'attaque de Montgenèvre. Mais visiblement le 1er Corps et le 4ème Corps avaient des missions indépendantes. On sent à travers ce manque de vision d'ensemble, l'urgence dans laquelle les Italiens ont planifié cette offensive sous l'impulsion belliqueuse et improvisée de Mussolini.
Le 25 c’est l’armistice. Le 26 juin, en accord avec les officiers italiens, une Ligne de démarcation est tracée entre le territoire occupé et les lignes françaises. La frontière reste inchangée.
Mais quelques jours plus tard, les Conventions d’armistice donneront l’ordre aux unités de reculer de 50 kilomètres. C’est la rage au cœur que les unités invaincues de l’armée exécuteront cet ordre.
[1] tirée de son livre la bataille des Alpes 1940 édition 2021 chez Pierre de Taillac