Cervières
Les combats de Cervières font partie de la même bataille que celle de Montgenèvre. De nombreux accrochages ont lieu sur les crêtes entre le 14 juin et le 20 juin.
Par GDI(2S) Hervé Bizeul, Patrick Lemaitre, Nicolas Izquierdo
Les combats de la bataille des Alpes sont déclenchés par les Italiens après la déclaration de guerre à la France le 10 juin 1940. Dès le 11 juin, le village de Cervières est évacué.
Les habitants sont conduits dans la soirée vers Embrun par autocar. Le terrain est tenu par le 72° BAF ( Bataillon Alpin de Forteresse) qui est composé de montagnards originaires des Alpes. Ce bataillon à trois compagnies est déployé entre les forts des Gondrans, le PA (Point d’appui) du Chenaillet où il a une section avancée, le village de Cervières lui-même et le fort des Aittes.
Une section d’ éclaireurs skieurs (SES) du 86°BCA patrouille dans la vallée des Fonts en avant du dispositif pour renseigner sur l’avancée ennemie et la retarder, une autre, la SES du 2° bataillon du 159 RIA (SES II/159), renseigne sur les hauteurs entre le Chenaillet le Grand Charvia et Cime Saurel. Une très nombreuse artillerie d’une centaine de pièces arme les forts et se disperse dans le briançonnais à contre pente. Enfin une puissante batterie de mortiers de 280mm du 154° RA occupe la zone de l’Eyrette et du Poët Morand 3 km au Nord-ouest de Cervières sous la crête à l’abri des vues.
De nombreux accrochages ont lieu sur les crêtes qui dominent Cervières entre la SES II/159 et les Italiens entre le 14 juin et le 20 juin.
Le 20 juin Montgenèvre est attaqué en force. Les Italiens franchissent dès 09h00 le col de Gimont et s’infiltrent par le ravin de la grande Sagne en direction des Fraches. Ils sont repérés par la SES du II/159 et arrêtés par l’artillerie. Ils rebroussent chemin. Epuisée par les combats, le LTN Haugel commandant la SES II/159 demandera sa relève le 21 soir par le 72 BAF.
Le 21 juin 1940, la manœuvre de débordement de Montgenèvre prend de l’ampleur et c’est tout un bataillon de la division Assietta qui attaque en colonnes d’infanterie par les cols de Gimond, Bousson et Chabaud. Malgré des tirs d’artillerie soutenus et de nombreuses pertes, les soldats italiens parviennent courageusement au Bourget en empruntant les ravins et les couloirs naturels d’infiltration. Le hameau est en flammes. D’autres ont réussi à s’infiltrer jusqu’aux chalets de Rif Tord et au hameau de la Chau. Leur progression est stoppée par les éclaireurs de la SES du 86° BCA et les alpins du 72°BAF implantés dans le fort des Aittes.
L’attaque n’ira pas plus loin. Au cours de cette journée les mortiers de 280mm de la 6° batterie du 154°RA tirent sur le Chaberton et détruisent le fort italien.
Le 22 juin, les soldats italiens tentent de refranchir le col de Chabaud, ils sont de nouveau repoussés par l’artillerie.
Le 23 juin l’effort italien se porte sur le PA du Chenaillet qui subit depuis trois jours d’incessants tirs d’artillerie. A court de munitions et ayant de nombreux blessés et des morts, le poste est capturé par les Italiens qui célèbrent cette victoire. Cependant la ligne de défense principale ne sera pas atteinte.
Le 24 juin une reconnaissance de la SES du II/159 envoyée de nuit vers la crête du Serre Blanc au Sud-est du Chenaillet rend compte au petit matin qu’elle n’a vu aucun soldat italien. Ceux-ci ont dû repasser la frontière pour échapper aux tirs d’artillerie.
Le 25 juin les combats cessent avec l’armistice.
Cervières a été préservé.
Cervières 4 septembre 1944
un-obus-a-suffi-pour-que-le-village-s-enflamme-la-population-se-trouvait-dans-les-chalets-d-alpage-saison-oblige- Source Dauphiné Libéré
Le drame de 1944
Il en ira tout autrement en septembre 1944 lorsque les Allemands sous la pression des alliés et de la 1ère Armée française sont acculés à la frontière italienne. Le 28 août un incident a lieu avec une bergère gardant son troupeau au col de Bousson. Les Allemands sont nerveux. Le 04 septembre ils tirent 5 obus sur Cervières et l’un d’eux met le feu au village. 126 maisons sont réduites en cendres. C’est la catastrophe. Il faudra sept ans pour reconstruire le village.
C’était il y a 70 ans. Le secteur des Colombines était incendié par les Allemands, le 4 septembre 1944. Et même si les décennies passent, Michel Brunet, 89 ans et Alphonse Faure-Gignoux, 90 ans, se souviennent de ce jour.
Comme intact dans leurs mémoires. « 126 maisons ont brûlé, seule une trentaine est restée debout. Les réserves de foin sont parties en fumée, tout comme le bois gardé pour faire des bardeaux. Heureusement que peu de personnes se trouvaient dans le village. Elles étaient dans les chalets d’alpage », raconte le premier, plongé dans ses pensées. « Il y avait encore des braises, un mois après l’incendie », souligne M. Faure-Gignoux.
Un obus a suffi
Ces deux personnages cerveyrins n’ont rien oublié de ce triste épisode. Ils avaient alors 20 ans. « En fait, tout a commencé le 28 août 1944. Nous n’avions pas eu de problème avec les Allemands jusqu’à ce qu’ils prennent un troupeau de vaches au col de Bousson, gardé par une bergère et un enfant. Dans l’après-midi, trois vaches ont réussi à leur échapper et sont revenues. Elles ont fait de la résistance », glisse M. Brunet. Des habitants ont alors commencé à mettre à l’abri leurs bétails. Des bruits circulaient dans le bourg, disant que les habitants « étaient surveillés. Dans l’après-midi du 4 septembre, j’ai entendu un premier coup de canon, quelques tirs de mitraillette et plusieurs obus. Certains parlent de trois, quatre ou cinq. Mais un obus a suffi à incendier le village. J’assistais à ces événements derrière un tas de pierres ». Imité quelques mètres plus loin par M. Faure-Gignoux. « On entendait tirer, on s’est caché dans la cave. Mon père est sorti du chalet et a crié : “Cette fois, il faut partir” ». L’incendie n’a fait aucune victime.
Plus d’un tiers de la population est parti
La reconstruction a été un long chantier, qui a duré sept ans. Années au cours desquelles les habitants sont restés dans les chalets d’alpage. Le travail agricole continuait, avec les récoltes de pommes de terre. Chaque sinistré s’est vu attribuer une parcelle. Pour se reconstruire. Ce qui n’a pas empêché un certain exil. Près de 350 personnes habitaient le bourg, plus d’un tiers n’est jamais revenu. 70 ans après, le village compte 183 âmes.
Sincères remerciements à la municipalité de Cervières et aux associations locales pour leur soutien!
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