Armée des alpes Juin 1940
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Code lieu: 984

Les combats de Montgenèvre

Dans la nuit du 16 au 17 juin 1940, les Italiens du III° bataillon du 53° Fanteria s'avancent vers l’observatoire du Mont Quitaine surplombant l’entrée Est de Montgenèvre.

Par GDI(2S) Hervé Bizeul, Patrick Lemaitre, Nicolas Izquierdo

Code lieu: 984
Accès En voiture 30' de Briançon
Parking Office du tourisme

Les combats de Montgenèvre

Le Chaberton avant sa destruction

Collection C Niederlander

VISION GLOBALE

Dans la nuit du 16 au 17 juin 1940, les Italiens du III° bataillon du 53° Fanteria s'avancent vers l’observatoire du Mont Quitaine surplombant l’entrée Est de Montgenèvre. Ils sont repoussés par les chasseurs du poste avancé, puis par l’artillerie. Le 20 juin, ils décident d’attaquer en force par  le centre, puis par les flancs Nord et Sud du village. Ils sont bloqués par la 2°compagnie du 91° BCA à hauteur du bois de Sestrières et du bois de Suffin où ils ont de lourdes pertes causées par les mitrailleuses françaises mais surtout par l’artillerie.

Le 21 juin matin, le Chaberton commence à tirer sur Montgenèvre pour relancer l'attaque italienne. C’est alors que les mortiers de 280mm Schneider placés à Poët Morand et à l’Eyrette derrière la crête des Gondrans ripostent sur le Chaberton. Six tourelles sur huit sont détruites les unes après les autres. Les Italiens perdent leur atout maître dans la bataille.

Leurs attaques se poursuivent néanmoins courageusement vers la vallée des Fonts le 21 juin, puis de nouveau le 22 et le 23 juin dans le bois de Sestrières sans réussir à déboucher bien que le 23 juin, le point d’appui du Chenaillet tombe. Les combats finissent par cesser sur un statu quo le 24 juin 1940 avec la signature de l'armistice.

Dans notre région, l’intention des italiens était de s’emparer en force de Briançon par l’axe le plus court : Montgenèvre-Val des Prés en s’appuyant sur leur atout majeur, les canons de 149 mm du fort du Chaberton.

Pour contrer cette menace, dès le lendemain de la déclaration de guerre de l’Italie à la France le 10 juin 1940, le général OLRY ordonne de détruire les axes menant à la France ce qui est fait à l’entrée Est de Montgenèvre le 11 juin.

Le plan italien consistait comme l'indique le croquis ci-dessous à attaquer simultanément Montgenèvre avec la division d'infanterie Sforzesca et la vallée des Fonts et Cervières avec la division Assietta. Croquis tiré du livre de Pier Giorgio « La seconda guerra mondiale in Val de Suza« .

Dans la nuit du 16 au 17 juin les Italiens tentent de s’emparer de  l’observatoire du Mont Quitaine surplombant l’entrée Est de Montgenèvre. Il sont repoussés à la grenade par les éléments du poste avancé puis par l’artillerie lorsqu’ils réitèrent leur attaque vers 15h25.

Le 20 juin, les Italiens décident d’attaquer en force Montgenèvre par le centre puis par les flancs Nord et Sud du village. Leur attaque est précédée d'un tr d'artillerie mais le brouillard le rend inefficace. Ils s'infiltrent avec prudence et sont bloqués par la 2°compagnie du 91°BCA et les Sections d'Eclaireurs Skieurs (SES) du 92 et du III/159 à hauteur du bois de Sestrières et du bois de Suffin où ils sont fauchés par les mitrailleuses des points d'appuis et les tirs préparés de l’artillerie française.

Le 21 juin matin le Chaberton commence alors à tirer lui aussi sur Montgenèvre pour appuyer l’infanterie italienne.

C’est alors que les mortiers de 280mm Schneider placés à Poët Morand et à l’Eyrette derrière la crête des Gondrans côté Cervières ripostent sur le Chaberton dès le lever du brouillard vers 10h00. Le Chaberton cherche à neutraliser cette menace et tire à l’aveugle sur le fort des têtes, le fort de l’Olive, le Janus et les Gondrans mais ne parvient pas à localiser les mortiers.

Six tourelles sur huit sont détruites les unes après les autres à partir de 17h15 lorsque un premier coup au but touche la première tourelle.

 

La seconde guerre mondiale dans les hautes Alpes et l'Ubaye. Colonel Henri Béraud   Société des études des Hautes Alpes 1990

Le 21 juin soir le Chaberton est neutralisé[1].

[1] Dès 1897, début de la construction du Chaberton, les Français ont cherché comment neutraliser cette menace majeure. Une étude de 1902 affirmait en effet que Briançon pouvait être détruite en 20 heures ! En 1908, aucune parade n'avait encore été trouvée.
L'engagement des Italiens au côté des Français en 1915 va ajourner les études contre « le Fort des Nuages » jusqu'en 1922. Mais l'arrivée de Mussolini au pouvoir et les tensions avec l'Italie relancent l'intérêt des études. On décide tout d'abord de déployer des mortiers lourds à Briançon. Les mortiers Schneider de 280 mm vont être choisis vers 1932, ainsi que leurs emplacements. Il ne reste plus qu'à adapter les tables de tirs qui n'ont pas été prévues pour une telle altitude ! Ce sera l'œuvre d'officiers d'artillerie au potentiel scientifique fort élevé : il est courant qu'ils soient ingénieurs, sortis de Centrale ou de Polytechnique. Le bureau des calculs à Paris est également mobilisé. Les derniers artilleurs à plancher seront le capitaine Weiss qui s'illustrera au Janus et le lieutenant Miguet, polytechnicien, qui commandait la batterie en juin 1940. ( Max Schiavon).

Les attaques italiennes se poursuivent néanmoins vers la vallée des Fonts dès le 21 juin puis le 22 et le 23 juin dans le bois de Sestrières et au pied du Janus coté Nord sans réussir à déboucher bien que le 23 juin, le point d’appui du Chenaillet tombe (voir panneau de Cervières). Les combats finissent par cesser sur un statu quo le 24 juin 1940[1].

L’armistice est signée le 25 juin 1940.

[1] Il est à noter que le commandant du fort le capitaine Bevilacqua s'est abstenu de tirer sur Briançon le 21 juin et les jours précédents. Seul un obus égaré s'est abattu sur la gare tuant sur le coup un briançonnais. Pendant la bataille seuls des objectifs militaires ont été visés et notamment les positions présumées des batteries françaises.

 

 

"Il tue un canonnier et blesse mortellement le sergente Ferrari qui a encore la force de faire évacuer ses hommes dans la tourelle suivante. "Vers 17h20, un éclatement apparaît au niveau de la 3° torretta et provoque une flamme démesurée. A 17h30, la 5° tourelle est partiellement arrachée de sa base: 4 tués et le chef de pièce, horriblement brulé, est projeté dehors. Quelques minutes plus tard, la 4° tourelle est touchée. Les tourelles de 149 ripostent maintenant à la cadence maximum sur le vieux fort des Têtes qui ne sert plus que de dépôt et de casernement. Vers 18h00, un nouveau coup de 280 tombe sur la 3° torrretta dont la casemate est projetée sur la terrasse en-dessous. A 18h05, la 2° tourelle est mise hors de combat. C'est le signal de l'agonie car les tourelles ne tirent plus ou presque".

Sincères remerciements à la municipalité de Montgenèvre ainsi qu'aux associations locales pour leur soutien !

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