Armée des alpes Juin 1940
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Code lieu: 824

Les combats sur le barrage rapide de Montgenèvre

Cet ouvrage est attribué à tort au Clot Enjaime, mais il s'agit bien du barrage rapide de MONTGENEVRE.

Par GDI(2S) Hervé Bizeul, Patrick Lemaitre, Nicolas Izquierdo

Code lieu: 824
Accès à pied

barrage rapide Montgenèvre

attribué à tort au Clos Enjaime

Le 10 juin à la tombée de la nuit, les servants du blockhaus du barrage rapide de « Clot Enjaime »* enclenchent le mécanisme destiné à placer en travers de la route une lourde poutre en acier  »
le 18 juin 1940, à partir de 10 h 40, l'artillerie italienne vise le barrage antichar de Montgenèvre

 

clot enjaime

La conception du barrage rapide de Montgenèvre remonte à 1930.

L'avant-projet proprement dit est finalisé par la Direction du Génie de Briançon le 13 Janvier 1932. Bien que globalement proche de la construction qu'on connait de nos jours, celle-ci ne comporte qu'un seul créneau JM/AC 47mm orienté frontalement vers la nationale et le col. La CORF et l'ITTF objectent que c'est risqué et qu'il faudrait pouvoir tirer au canon AC contre des engins blindés stoppés devant la barrière, donc davantage en flanquement et nécessitant du coup deux créneaux pouvant accueillir le canon. Ce second créneau couvre en outre un important angle mort qui existait entre le créneau JM/AC originel et le créneau FM de flanquement de la barrière. Il faut néanmoins pouvoir basculer le canon d'un créneau à l'autre car évidemment il n'est pas question d'équiper le bloc de deux canons antichar. Le Service du matériel des fortifications (SMF) propose donc en Mai 1932 un système de pivotement du rail support du 47mm permettant de basculer le canon d'un créneau à l'autre selon un arc de cercle. C'est cette solution qui est finalement adoptée parallèlement à un renforcement de la dalle qui avait été jugée trop faible par la CORF.

Le barrage a été construit en deux tranches, la première de 1932 à 1934, la seconde en 1935. Le marché du gros œuvre dont le cahier des charges est daté du 30 mai 1930 a été attribué à la société Gaston Chesnel de Grasse le 18 juillet 1932, après finalisation et approbation du projet technique, pour un montant de 84 511,60 Francs.

La barrière a été construite indépendamment par la Sté Pinette SA de Chalon sur Saone pour la somme de 52 200 Francs. Elle était prête en janvier 1934 mais ne sera posée qu'en juin une fois les fondations et le chemin de roulement terminés.

Les états de travaux de 1937 le considèrent comme achevé au bémol important que le canon de 47mm AC n'a pas encore été livré.

Du fait de l'exiguïté du local troupe, une extension a été étudiée en 1938 portant sur le rajout d'un local à munitions, d'une cuisine et de latrines. Un appel d'offre est lancé en 1939 et remporté par l'entreprise Faure-Brac de la Vachette. Les travaux qui auraient du être faits en avril 1940 ne seront jamais réalisés.

 

 

La Ligne de Résistance Avancée de Montgenèvre de 1940 et son Barrage Rapide (BR)

En juin 1940, c'est la Ligne de Résistance Avancée qui arrête l'offensive italienne.
A Montgenèvre, elle est constituée, du nord au sud, des Points d'Appuis du Rocher de Dix Heures et du Bois de Suffin, du Barrage Rapide, et du Point d'Appui du Bois de Sestrières.
Malgré plusieurs assauts et un bombardement incessant, les 53e et 54e régiments de la division ‘Sforzesca' de Novara, relevée par la Legnano dans la nuit du 23 au 24 à cause de ses pertes, sont arrêtés par 240 chasseurs, alpins et éclaireurs des 91e BCA, 72e BAF, et SES/III du 159e RIA, particulièrement bien soutenus par les artilleurs du 154e RAP.
Le terrain avait été soigneusement étudié et aménagé.
La ligne d'avant-postes n'a pas été entamée, hormis le Pas de la Fanfare évacué sur ordre pour économiser les effectifs, et le Chenaillet conquis par une belle manœuvre combinée de l'artillerie et des Fanti du 30e.
Nous y reviendrons ultérieurement.
Plusieurs attaques ont essayé de franchir les lignes à Montgenèvre : au Rocher de Dix Heures, au Bois de Suffin, au Bois de Sestrières. Toutes ont été repoussées avec pertes pour l'assaillant.
La Ligne de Résistance Avancée de Montgenèvre est particulièrement intéressante.
De par son histoire et de par les nombreux vestiges toujours visibles : réseaux de barbelés, réseaux antichars, pilules briançonnaises (bloc pour arme automatique servie par deux hommes), blocs antichars, observatoires, abris alpins, abri caverne, téléphérique de campagne… et le Barrage Rapide !
Dans les Alpes, seuls trois Barrages Rapides pouvaient déployer une barrière antichar en quelques secondes.
Il n'en reste que deux, dont celui de Montgenèvre qui est pratiquement intact. La barrière a été emportée par les Italiens mais, à part l'armement, tout est resté en place.
L'armement du Barrage Rapide était constitué d'un canon antichar, de deux jumelages de mitrailleuses, d'un lance-grenades et de trois FM.
Le canon Mle 1934 de 47 mm sur rail pouvait être mis en œuvre sur l'un ou l'autre créneau et disposait de 150 obus rangés dans le râtelier toujours en place.
La tournette fonctionne toujours parfaitement, comme les repères de blocage du canon.
Les jumelages de mitrailleuses Reibel Mac 31 disposaient de 115 000 coups de calibre 7,5 mm, comme les FM.
Une « grailleuse » permettait de recharger les chargeurs camembert.
Le lance-grenade était pourvu de 272 grenades F1.
Trois FM complétaient l'armement. Les alpins devaient passer d'une arme à l'autre, sans oublier le téléphone !

Le B.R. est opérationnel dès l'automne 1934 et est occupé par des alpins du 159e Régiment d'Infanterie Alpine.
En 1940, l'équipage était constitué de six hommes et un sous-officier du 72e Bataillon Alpin de Forteresse.

« La Mairie de Montgenèvre ayant bien voulu me confier ce petit ouvrage, j'essaie de le remettre au mieux dans l'atmosphère de l'époque.
Des spécialistes Maginot Alsaciens m'ont fourni des verrous de porte, des obturateurs de créneau FM, des repères de blocage du canon, un récupérateur de douilles et étuis… un ancien du 15/9 une caisse pour grenades, un autre un chargeur pour MAS 36, une carte d'époque…
J'y ai ajouté du matériel personnel venant de mon père, ancien éclaireur-skieur également, et des pièces chinées ici ou là…
Une entreprise briançonnaise est en train de reconstituer une petite partie de la barrière.
Une équipe du lycée de Briançon est en train d'étudier la possibilité de remettre en état son mécanisme de lancement. De nombreux Briançonnais sont attachés à leur histoire ! N'hésitez pas à apporter votre pierre à l'édifice ?
Tout ce patrimoine se dissimule à quelques pas de nous. Quelles découvertes à faire !
Étant Accompagnateur en Montagne, j'aurai plaisir à les partager avec vous… »

Nicolas IZQUIERDO

Notes et références

 

SHD – 9NN4449

Source site Wikimaginot.eu: https://wikimaginot.eu/V70_construction_detail.php?id=10470

 

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