La défense décisive des SES au fort de Viraysse
Les éclaireurs-skieurs du lieutenant Costa de Beauregard renforcent la petite garnison du vieux fort de Viraysse, excellent observatoire sur la frontière italienne.
Par Bertrand Hubert, Hubert Tassel, Philippe Lachal et Jehan Lande
La section d’éclaireurs-skieurs (SES) bis du 83e bataillon alpin de forteresse, commandée par le sergent-chef Augier renforce la petite garnison du vieux fort de Viraysse, excellent observatoire sur la frontière italienne.
Dès le 10 octobre 1939, jusqu’à fin mars 1940, le dispositif d’hiver y était appliqué et un gardiennage réduit occupait le fort.
Durant l’hiver de 1939, la SES cantonne à Serennes et ne rejoint le fort qu’en avril 1940.
Lors de l’attaque italienne du 22 juin, le fort de Viraysse se trouve isolé, victime des tirs italiens d’artillerie et de l’attaque de la 44e Fanteria de la division Forli sur les rochers de la Tête de la Meyna dominant l’ancienne batterie.
N’ayant plus de contact avec la petite garnison, le colonel Dessaux décide d’envoyer la SES du lieutenant Costa de Beauregard qui vient de retarder l’ennemi à Tête Dure. Malgré le temps exécrable, cette SES rejoint le col de Mallemort en fin de nuit. Durant la journée du 23, les deux SES qui se connaissent bien, participent à la défense du vieux fort.
Durant la nuit du 24 juin, la garnison continue à repousser les assauts des Piémontais à coups de grenades.
La défense est d’autant plus difficile que la batterie n’a pas d’embrasures de tir et qu’il faut monter quasi à découvert sur la plateforme pour faire feu ou lancer les grenades.
Après ces moments difficiles, à l’heure de l’armistice, Viraysse reste invaincu.
Un excellent observatoire mais peu de défenseurs
Le vieux fort de Viraysse construit entre 1885 et 1888 est devenu un point d’appui (PA) en 1939. C’était un excellent observatoire qui a une vue directe sur la frontière italienne. Une quarantaine d’hommes aux ordres du lieutenant Duittoz du 162e régiment d'artillerie de position (RAP) tiennent cette position. Étaient également présents, les servants de quatre vieilles pièces de tranchée de 150 mm dont les emplacements sont situés sur un collet aménagé à quelques dizaines de mètres plus bas que l’ancienne batterie.
Enfin, la section d'éclaireurs-skieurs (SES) bis du 83e bataillon alpin de forteresse (BAF), commandée par le sergent-chef Augier y menait, en plus de nombreuses patrouilles, une mission de résistance ferme sur ces positions.
Lors de l’attaque italienne du 22 juin, le fort de Viraysse se trouve rapidement isolé, victime des tirs d’artillerie italiens et de l’attaque de la 44e Fanteria de la division Forli et des tirs des Breda ( mitrailleuses italiennes) que les Alpini ont réussi, au prix d’un véritable exploit, à installer dans les rochers de la Tête de la Meyna qui domine l’ancienne batterie de près de 300 m.
Le câble téléphonique a été rompu : le colonel Dessaux et son état-major n’ont plus de contact avec la petite garnison.
Or, pendant ce temps, l’autre SES commandée par le lieutenant Costa de Beauregard retarde l’ennemi à Tête Dure.
Vers 16 h, estimant la mission remplie, la SES rejoint Maison-Méane où se trouve son campement.
Des renforts se portent sur Viraysse
Comme Viraysse est isolé, le colonel Dessaux, d’une part fait renvoyer à Viraysse les servants des 150 mm de tranchée sur leur position qu’ils avaient abandonnée, d’autre part ordonne à la 3e compagnie du capitaine Rollet du 299e régiment d'infanterie alpine en poste au col de Mirandol de se porter en renfort.
Enfin, bien que la SES soit épuisée, il demande au lieutenant Costa de Beauregard, malgré le temps exécrable, neige, pluie et tourmente, de rejoindre le col de Mallemort qu’il atteint en fin de nuit. Elle prend position à l’ouest du col.
Durant la journée du 23, les deux SES qui se connaissent bien, se retrouvent et participent à la défense du vieux fort. Au plus fort de l’attaque, les servants des crapouillots ont rejoint leurs postes et le commandant de batterie fait diriger les tirs sur les pentes même de Viraysse.
Durant la nuit du 24 juin, la garnison repousse les assauts des Piémontais à coups de grenades.
Après des moments difficiles, à l’heure de l’armistice, le fort de Viraysse est invaincu.