Les combats du barrage de PIZANÇON
C’est autour de cet ouvrage que se déroulent les combats de juin 1940, entre l’armée française et la Wehrmacht.
SITUATION GÉOGRAPHIQUE
Située sur la rive gauche de l’isère, à l’est de de Bourg-de-Péage, quatre hameaux (Pizançon, Papelissier, Le Goubet et Chatuzange) composent le territoire de la commune de Chatuzange-le-Goubet ; sur la rive droite de l’Isère, Romans-sur-Isère.
Le barrage hydraulique de Pizançon sur la rivière Isère, relie les communes de Chatuzange et de Romans par un pont route et une passerelle piétonne.
Le barrage hydraulique de Pizançon a été construit entre 1928 et 1932. Le pont routier est aujourd’hui fermé à la circulation automobile et la passerelle n’existe plus.
C’est autour de cet ouvrage que se déroulent les combats de juin 1940, entre l’armée française en position sur la rive gauche (commune de Chatuzange-le-Goubet) et la Wehrmacht arrivée à Romans-sur-Isère le 22 juin.
ORGANISATION DE LA DÉFENSE
Dans le dispositif défensif du Groupement de défense de la basse-Isère (PC : Valence), Chatuzange-le-Goubet fait partie de la zone de défense du 2e sous-secteur du groupement.
À sa droite, le 1er sous-secteur de Saint-Nazaire-en-Royans.
Le sous-secteur n° 2 est placé sous le commandement du colonel Clayette.
Après le dynamitage des ponts routiers, la passerelle piétonne du barrage est le dernier point de franchissement de l’Isère pour les troupes françaises encore présentes dans le nord de la Drôme.
C’est une section du dépôt n° 144 du 159e régiment d’infanterie alpine (RIA), appuyé par un canon antichar de 25 mm, qui prend en charge la défense du site. Quelques hommes du 20e régiment d’infanterie coloniale nord-africain (RIC) sont accoudés sur une seconde ligne de défense qui s’appuie sur le canal de dérivation de la Bourne.
L’aspirant Rousset, probablement issus du dépôt n° 144, assure le commandement de l’ensemble.
Son dispositif est renforcé le 23 juin par une section de fusiliers de l’armée de l’air, avec fusils-mitrailleurs (FM), arrivée dans la Drôme entre le 20 et le 22 juin.
LA WEHRMACHT
C’est une partie du Schützen-Regiment.12 (SR) — le 12e régiment porté de fusiliers de la 4.Panzer-Division — qui se présente, le 23 juin, devant le débouché nord du pont routier.
Les fantassins sont appuyés par quelques Panzers.
Bien que qu’une section du tablier du pont soit détruit, la possession de l’ouvrage avec sa passerelle piétonne — intacte – permettrait aux Allemands d’établir très rapidement une tête de pont sur l’Isère.
LES COMBATS
Lundi 24 juin
Ce n’est que le 24 juin, sous une pluie battante et sous la protection des tirs de leur artillerie, que les fusiliers allemands du Schützen-Regiment.12 (SR) tentent un premier franchissement par la passerelle, assaut repoussé in-extremis.
Mais cette première attaque désorganise le dispositif de l’aspirant Rousset.
Le colonel Clayette ordonne au lieutenant de Lestrange, du 146e bataillon régional « Réserve mobile », de prendre le commandement des troupes à Chatuzange.
Sa mission est de réorganiser le secteur en agrégeant autour de sa section et du groupe de mitrailleuses qu’il amène avec lui, les éléments du dépôt n° 144, de l’infanterie de l’Air et de l’infanterie coloniale .
Sur place, le lieutenant de Lestrange trouve les troupes coloniales à l’abri des deux tunnels routiers du pont des seigneurs (canal de la Bourne).
L’un des soldats a été blessé par un éclat d’obus. Sous le tir incessant de l’artillerie, la troupe rejoint, par petits groupes, le barrage.
Le lieutenant de Lestrange réorganise la défense du site en un point d’appui étagé sur deux lignes.
Les hommes du 144e dépôt et les éléments de l’infanterie coloniale sont placés sur une ligne d’arrêt placée 60 m. derrière.
Face aux débouchés du pont, il place quatre fusils-mitrailleurs (FM) pendant que d’autres fusiliers du 146e régiment régional prennent position dans les étages du bâtiment des turbines, surplombant la passerelle et le pont.
Dès lors, sous les feux croisés français, les fusiliers allemands du SR.12 se retirent des accès nord du barrage pour se mettre à couvert en arrière.
Observant le mordant retrouvé des défenseurs du point d’appui et l’efficacité de leur nouveau dispositif (alors qu’il espérait au contraire un abandon des positions), le commandement allemand, informé de l’imminence du cessez-le-feu, renonce à toute nouvelle tentative de franchissement.
Pour son action, le lieutenant de Lestrange est cité à l’ordre de la région militaire.
« Lieutenant de Lestrange, du 146e régiment régional, chargé de prendre le commandement d’un point d’appui dans des circonstances délicates, s’est acquitté de sa mission avec le plus profond mépris du danger et malgré des feux nourris, par ses desseins, est finalement resté maître de la situation et du terrain à lui confié. »
Texte de Thierry Chazalon
BIBLIOGRAPHIE
CHAZALON, Thierry. Résistances ! Les prémices (juin 1940 – juillet 1941), la Résistance débute dès le 23 juin 1940 sur les rives de la basse-vallée de l’Isère. Montélimar : autoédition, 2011. 200 p.
