Armée des alpes Juin 1940
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Code lieu: 714

Les combats à Saint-Nazaire-en-Royans

La cité est défendue par des éléments du 159e régiment d’infanterie alpine!

Par Thierry CHAZALON

Code lieu: 714
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Devant Saint-Nazaire-en-Royans, ils ne passeront pas...

L’ARMÉE DES ALPES DU GÉNÉRAL OLRY STOPPE LA 4e PANZERDIVISION

23-24 juin 1940. Alors que le pays sombre dans le chaos, 1 500 soldats, appuyés par une poignée d’aviateurs et de marins, stoppent dans le nord de la Drôme la dernière offensive allemande de la campagne de France. Les combats se déroulent
de Pont-de-l’Isère jusqu’ici, à Saint-Nazaire-en-Royans, où se resserre la vallée de l’Isère qui mène à Grenoble.

SITUATION GÉOGRAPHIQUE

Saint-Nazaire-en-Royans est située, sur la rive gauche de l’Isère, au point de jonction entre la plaine valentinoise, la Drôme des collines et les préalpes dauphinoises. Sur l’autre rive, au nord, la commune de Saint-Hilaire-du-Rosier. À l’est de la commune, deux routes nationales 531 et 532 mènent à Grenoble. Saint-Nazaire est l’une des clés qui ferme l’accès vers Grenoble et, au-delà, vers les cols frontaliers.

ORGANISATION DE LA DÉFENSE

Dans le dispositif défensif du Groupement de défense de la basse Isère (PC : Valence), Saint-Nazaire constitue le 1er sous-secteur du Groupement et assure la liaison;à sa droite, avec le Groupement Dumont (attaché au Groupement Cartier).

La cité est défendue par des éléments du dépôt n°144 stationnés à Romans-sur-Isère. Cette unité de l’arrière, encasernée à Romans-sur-Isère, fait partie du 159e régiment d’infanterie alpine. Ces rangs sont majoritairement composés de soldats réservistes mobilisés à l’automne 1939. Avec l’irruption des Allemands dans la vallée du Rhône et de la Saône, les hommes du dépôt n° 144 franchissent l’Isère, les 19 et 20 juin, pour prendre position sur la rive gauche de la rivière. Nous ne connaissons pas le nom de l’officier commandant.

Sans artillerie, le sous-secteur n° 1 est renforcé par deux canons de marine de 65 mm qui seront utilisés comme antichars. Ils sont servis par une douzaine de canonniers marins (arrivés de Toulon le 19 ou le 20 juin) du 5e dépôt des Équipages de la Flotte de Toulon.

Ces pièces ne sont pas mobiles et, sous une pluie diluvienne, les marins vont devoir couler une dalle de béton pour y fixer l’affût crinoline sur lequel sera posé le canon. Une casemate est montée en protection avec des sacs et des remblais.

Le 20 juin au matin, le pont routier reliant le quartier de la gare de Saint-Hilaire-du-Rosier à Saint-Nazaire est dynamité par l’armée française.

Le 22 au soir, la pièce de marine battant les accès du pont de Saint-Hilaire est prête.

Ce n’est que le le 23 juin en fin de journée que la seconde pièce, positionnée aux Massotiers, est opérationnelle.

LA WEHRMACHT

Le 21 juin, le Panzer-Regiment.36 de la 4.Panzer-Division s’élance de Lyon avec pour mission de franchir l’Isère par le pont de Saint-Hilaire et prendre le contrôle de Saint-Nazaire. À sa gauche, la 3.Panzer-Division est à Moirans et s’apprête à lancer un assaut contre les défenseurs de Voreppe, « verrou de Grenoble ». Dès que le Panzer-Regiment.36 aura franchit la coupure humide, il remontera la vallée de l’Isère par sa rive gauche pour prendre les défenses de Grenoble par l’arrière et soutenir ainsi l’attaque de front menée par la 3.Panzer-Division.

LES COMBATS

Samedi 22 juin

8 h 50 : l’armistice est signé avec l’Allemagne mais il prendra effet lorsqu’un second armistice sera signé avec l’Italie. En attendant, les combats contre la Wehrmacht et l’armée italienne se poursuivent.

Dimanche 23 juin

Le Panzer-Regiment.36 de la 4.Panzer-Division, pousse, depuis Romans par Saint-Lattier, ses engins jusqu’au quartier de la gare de Saint-Hilaire-du-Rosier pour s’emparer du pont suspendu qui mène à Saint-Nazaire-en-Royans. En fin de matinée, les cinq véhicules blindés se présentent devant les restes du pont dont les câbles pendent dans l’eau. La pièce de 65 mm, servie par les canonniers-marins à l’ouest de la localité, tire. C’est le signal de l’ouverture générale du feu.

Un témoin raconte :
« Il était environ 12 h 15 ; dans Saint-Nazaire circulaient des communiantes en voile blanc. Chaque famille se retrouvait autour des tables ne connaissant pas encore réellement les restrictions. Soudain, un coup de canon déchira l’air semant le désarroi dans la petite cité historique. Les coups se succédèrent, rapides, les mitrailleuses et autres armes entrèrent en action ; le combat était engagé d’une rive à l’autre et les adversaires se rendaient coup pour coup. »

Un canonnier marin se souvient :
« Un groupe d’engins blindés allemands est apparu le 23 vers midi à l’entrée du pont de Rochebrune — la pièce des Massotiers n’était pas encore prête à tirer – la pièce basse a pris l’initiative d’ouvrir le feu sur cet objectif qu’elle battait à la limite d’une maison. L’ennemi a quitté les lieux en laissant trois chars qu’il est venu remorquer en fin de journée. »

Toute la journée, les échanges de tirs continuent entrecoupés de courts moments de répit. Quelques tirs des deux pièces de marine en fin de journée sur des objectifs fugitifs sans résultat probant.

Dès le début du combat, la population de Saint-Nazaire avait quitté le village, cherchant un refuge dans la montagne. La brigade de gendarmerie reste dans la cité pour assurer une surveillance continue des maisons évacuées, et des abords de la zone de feu. M. Rome, maire, et M. Lody, premier adjoint, sont présents pour répondre aux besoins des militaires français et mener les actions nécessaires à l’administration de la commune. Des anciens combattants, comme MM. Huillier et Mussat apportent leur contribution pour pourvoir au ravitaillement des soldats ; les postières sont restées à leur poste, ainsi que les institutrices pour aider à soigner les blessés. organqui étaient restée à son poste, s restent à leurs postes, ainsi que les postières et les institutrices.

 

Lundi 24 juin

Le lendemain, à 14 heures, le combat reprend. L’artillerie allemande touche plusieurs maisons à la sortie ouest de Saint-Nazaire. Vers 15 heures, la pièce des Massotiers effectuait un tir sur un mortier allemand quand elle a été prise sous un feu violent (mitrailleuses, mortiers, 105) visant également le PC de la compagnie installé à côté d’elle.
C’est probablement à cet instant que le soldat Pierre Barnet du 159e régiment d’infanterie alpine est mortellement touché par un éclat d’obus. La pièce de marine est elle aussi touchée par un coup direct sur la volée du tube. Tous les canonniers marins sont sauf, mais la pièce est hors d’usage.

En fin de journée, vers 20 heures, apprenant la fin proche des hostilités, les Allemands suspendent leurs tirs.

APRÈS LES COMBATS – COMMUNE MARTYRE DU VERCORS

Une compagnie allemande de la la 4.Panzer-Division cantonne jusqu’au 5 juillet à Saint-Nazaire, avant le mouvement de repli de la Wehrmacht au-delà de la ligne de démarcation.

Les destructions des quelques maisons situées à l’ouest du village par l’artillerie allemande le 24 juin ne sont rien en rapport aux combats de 1944.

Le 29 juin 1944, des bombardiers Junkers 88 de la Luftwaffe décollent de Chabeuil et lâchent leurs bombes sur la cité en représailles de son aide aux maquis du Vercors.
Entre le 27 juillet et le 11 août 1944, après la chute du Vercors, 46 patriotes sont fusillés après un « procès » inique mené par un lieutenant allemand, secondé par sa maîtresse, Mireille Provence, milicienne infiltrée parmi les unités FFI du Vercors. Le Mémorial, placé, au centre du village en rappel le douloureux souvenir.

BIBLIOGRAPHIE

CHAZALON, Thierry. Résistances ! Les prémices (juin 1940 – juillet 1941), la Résistance débute dès le 23 juin 1940 sur les rives de la basse-vallée de l’Isère. Montélimar : autoédition, 2011. 200 p.

BUFFIÈRES, comte de, Philibert : Les Allemands en Dauphiné et dans la Savoie – 19–25 juin 1940. Récits de la défense des deux provinces, avec gravure hors texte. Romans-sur-Isère : édition J.–A. Domergue, 1943. 244 p. in 8°.

DEMOUZON, Laurent, Savoie : juin 1940 – L’ultime victoire (vol.2) – L’attaque allemande (Savoie, Haute-Savoie, Isère). Brison Saint-Innocent : autoédition, 167 p.

Sincères remerciements à la municipalité de Saint Nazaire en Royans..

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