Les derniers préparatifs (21-22 juin)
Dès le 15 juin, la cluse de Voreppe est choisi par le commandement français pour installer une nouvelle et dernière ligne de défense voire de résistance afin de « résister sans esprit de recul »!
Par Jean Paul Noir, Florent Mezin et le Cne Courtois du Musée des Troupes de Montagne.
Vue sur la cluse de Voreppe
J.C. Blanchet et G.Regnier
La préparation du champ de bataille :
Jusqu’aux derniers jours avant l’affrontement, le terrain est reconnu et préparé : des barricades sont édifiées, des emplacements de combats creusés, des barbelés tendus, des arbres abattus, les coordonnées de tirs vérifiées. Les pièces d’artillerie de marine sont scellées dans le béton en posture de tir, les bâtiments au cœur du dispositif de défense sont investis. Pour coordonner l’ensemble du dispositif, un poste d’observation relié par téléphone est installé sur le versant Est du Bec de l’Echaillon. Le 21 juin, les renseignements indiquent que le combat est imminent. La population reste sur place et se terre. Les troupes hétéroclites du général Cartier se replient dans la nuit du 21 au 22 juin vers l’Isère et la Chartreuse sur la ligne de défense que l’ennemi ne doit en aucun cas franchir. Toute la nuit, les unités préparent leur défense et répètent une dernière fois l’opération. Dans la soirée du 22 juin, l’état d’esprit reste combatif
L’emploi de la marine nationale était dans les préparatifs pour un appui aux forces terrestres des Alpes Maritimes à la frontière franco-italienne ou pour neutraliser les forces italiennes sans la région de Gênes, mais il est étonnant de voir des marins avec leurs canons à Voreppe et dans d’autres secteurs de défense contre l’avancée allemande en juin 1940. L’artillerie navale a prévu un délai de huit jours pour cette opération. Bousculant ces prévisions les sapeurs et marins, travaillant jour et nuit sous une pluie diluvienne, réalisent, le 22 juin, la mise en place des trois quarts des pièces. Les dernières sont en position de tir le 24 juin.
A la suite de la demande de « levée en masse » du général d’armée Olry commandant l’armée des Alpes, le vice-amiral d’escadre Devin répond favorablement au message considéré comme très urgent.
L’officier de liaison de la marine auprès de l’état-major de l’armée de Alpes rejoint Toulon pour réussir ce renfort de marins. Le vice-amiral d’escadre met à la disposition de l’armée des Alpes près de 350 canonniers marins, avec leurs canons de marine de 65 et 47 mm et bien sûr avec les munitions. Ces armements sont affectés à la défense de l’Isère et de la Chartreuse.
Le problème urgent est de déterminer les emplacements exacts de ces canons, car ils sont venus sans leurs affûts. Ainsi, l’emplacement choisi sera définitif, car les sapeurs vont installer ces canons sur un bâti en ciment.
Les sapeurs et pionniers (600 hommes) ont préparé la ligne de défense de Voreppe, quand les unités d’infanterie, le 19 juin, se trouvaient encore aux lisières Est de Lyon pour mener un combat retardateur.
Outre, la réalisation de ces « affûts » en ciment des canons de la marine, les sapeurs et pionniers ont aménagé en avant de Voreppe, dans Voreppe et sur l’Isère, obstacles, abattis et destructions en particulier celles des ponts sur l’Isère ; tous les ponts sur l’Isère ont sauté entre Voreppe et la confluence de l’Isère avec le Rhône.
Ces sapeurs et pionniers ont aussi contribué à l’aménagement de la protection des servants de canons de marine ou d’antichars, les emplacements des mitrailleuses, … ; les sacs de sable, barbelés ont renforcé les dispositifs de défense de la ville.
Le 20 juin, des pièces d’artillerie de montagne arrivent avec leurs équipes de pièce, des marins aussi avec des canons de marine (deux de 47 et un canon de 65), puis le 21 juin, un canon de 65 mm de montagne, deux vrais canons tractés de 47 mm antichars.
Le général Houdemon, commandant la zone d’opérations aériennes de l’armée des Alpes, répond aussi favorablement à la « levée en masse » du général Olry. Il met sur pied deux petites escadrilles de chasse, une escadrille de reconnaissance, une escadrille de bombardement, ainsi que ses compagnies de l’air disponibles.
Sources : articles du général Mer parus dans la revue historique des armées.
Canon de 65 de marine en blockhaus au centre de la place Debelle
© J.C. Blanchet et G.Regnier